Obstacles Traitements archaïques des dossiers, crédits nettement limités? C?est le leitmotiv des jeunes investisseurs en quête de crédits bancaires pour lancer leurs affaires. Cela suscite non seulement le désarroi des investisseurs potentiels mais aussi la perplexité des banquiers. Cependant, un reproche est émis régulièrement aussi bien par les banquiers que par les emprunteurs : la parcimonie dans l?octroi des crédits aux opérateurs privés. Des responsables d?institutions bancaires soulignent toutefois l?extrême disparité des situations rencontrées par les banques publiques ; une manière de dire que les problèmes sont bel et bien réels. Dans ce contexte, des banquiers se plaignent des jeunes investisseurs peu empressés à rembourser leurs créances dans les délais prévus par les clauses des contrats. «Ce retard, dans le recouvrement des prêts, pénalise d?autres postulants dont les dossiers sont en instance depuis des mois», précisent nos interlocuteurs. Entre 2002 et 2003, des banquiers de l?ouest du pays affirment avoir donné leur aval à 579 projets d?investissement de jeunes opérateurs pour l?équivalent de 6 milliards de dinars, touchant aux secteurs de l?agroalimentaire, de la communication et du transport, avec un pic de l?ordre de 3 milliards pour ce dernier secteur. «Il y a 5 ans, indiquent-ils, le financement des investissements des jeunes représentait 40% de nos activités. Cette part est tombée à 26% et nous envisageons de descendre jusqu?à 20% pour amortir nos recouvrements.» En effet, sur les 579 projets financés principalement par la BDL, la BEA et la BNA, plus de la moitié n?a pas été remboursée par les emprunteurs, et 15% n?ont plus donné signe de vie. En effet, plusieurs emprunteurs ont préféré fuir plutôt que de rembourser l?argent de l?Etat. Une situation pour le moins préoccupante dans la mesure où les poursuites judiciaires ne servent pas à grand-chose. «Comment voulez-vous mettre la main sur les mauvais créanciers alors qu?aucune mesure coercitive n?existe du point de vue du législateur algérien ? Le vide juridique nous phagocyte. Serait-ce une omission de la part des ministères de tutelle compétents, qui ne s?emploient pas assez rapidement à transformer réellement l?environnement bancaire national en le rendant plus professionnel ?», s?interroge un cadre de la BDL. Répondant au mois de décembre 2003 à la sonnette d?alarme de certaines banques publiques sur la non-efficience du recouvrement des prêts non remboursés, le ministre des Finances a reconnu que pour remédier à son caractère désuet et rigide, le secteur bancaire a «besoin d?une redynamisation par l?intervention sur le marché des finances de nouvelles institutions privées, nationales et/ou étrangères». Avec la revitalisation du système bancaire en 1999, la Compagnie algérienne de la banque (CAB) et la Ryan Bank décident de passer à l?action en proposant des crédits destinés à l?investissement en usant de mesures drastiques et souples en même temps. «Les candidats à l?investissement se plaignent du cheminement administratif de leurs demandes de prêts. Après leur dépôt dans une banque publique, les dossiers mettront 10 mois avant d?atterrir à la direction générale où ils ?dormiront dans les tiroirs?», avoue sans hésitation un responsable financier d?une banque privée. Et d?ajouter : «Chez nous, nous traitons les dossiers d?investissement de manière professionnelle, selon des procédés interbancaires modernes, grâce à la mise en place d?un système de télétransmission pour l?émission d?une messagerie interbancaire, donc avec un risque zéro quant au recouvrement de nos créances.» Pour mettre un terme à la politique populiste des banques publiques, des observateurs insistent sur la nécessité de créer un fonds national qui prendra en charge les préoccupations des jeunes. Des expériences de ce genre ont été couronnées de succès dans des pays voisins, où des fonds spéciaux sont financés par le Trésor public afin de venir en aide aux jeunes dans la perspective de programmes d?emploi financés par l?ensemble des banques publiques.