Coût La dose de Rivotrine ou de Diazépam est cédée entre 50 et 100 DA le comprimé. La vente de psychotropes et autres médicaments neuroleptiques par des individus sans scrupules, écoulant leur «poison» au prix fort fait rage. Profitant du désespoir et des problèmes auxquels sont confrontés beaucoup de jeunes en proie au chômage, nombre de dealers trouvent leur compte à Ghazaouet. La vente de psychotropes, une pratique illégale et dangereuse à la fois pour la santé mentale et physique des jeunes, se fait malheureusement au vu et au su de tout le monde, sans que personne ne daigne lever le petit doigt. Il suffit de faire un tour dans ces endroits pour se rendre compte de l?ampleur du fléau et constater que les psychotropes sont «en vente libre». Même les adolescents viennent quotidiennement acheter leur «dose» de Rivotrine, Diazépam? cédée entre 50 et 100 DA le comprimé, selon le dosage. D?après un médecin, «la prise de ce poison fait perdre souvent au consommateur le contrôle de ses actes. Il devient alors agressif, se livrant à des disputes et autres délits». En effet, des bagarres sont souvent signalées au niveau de la Pêcherie et dans certains quartiers à la suite de la consommation de psychotropes. Il y a quelques années, un crime a même été commis, sur la personne d?un père de famille. A Ghazaouet, on parle de réseaux spécialisés ayant des ramifications à l?intérieur et à l?extérieur du pays. Au niveau local, l?approvisionnement se fait le plus normalement du monde, avec la complicité de certains médecins prescripteurs et officines, croit-on savoir. Ainsi, certains malades chroniques traités pour des troubles mentaux n?hésitent pas à écouler une partie de leur «quota» au détriment de leur santé moyennant des sommes modiques. D?autres, connaissant le milieu de la contrebande, affirment que les psychotropes proviennent aussi du Maroc, plus particulièrement d?Oujda, d?Ahfir et de Berkane. Ils sont échangés contre des carburants, du lait en poudre, du bétail?, puis dirigés vers des réseaux qui permettent l?écoulement rapide de la marchandise. Certaines sources font état de psychotropes additionnés à du kif de mauvaise qualité, et ce, dans le but d?en «gonfler» le prix. La ville des «deux frères» se trouve ainsi confrontée aujourd?hui à un fléau qui prend une grande ampleur qui fait, aujourd?hui, le bonheur de nouveaux riches. «Généralement, les psychotropes ne coûtent pas cher et, vendus à l?unité, ils peuvent rapporter gros. C?est pour cela que la prescription et la vente de ces produits doivent faire l?objet d?un contrôle rigoureux», souligne un psychiatre. Ce commerce lucratif, qui empoisonne une frange de la jeunesse, requiert donc une mobilisation des services de sécurité, des éducateurs et des parents. Et pour cause, même certains établissements scolaires semblent ne pas être épargnés par ce fléau.