Réaction Sharon n?est pas le bienvenu à Paris, deux jours seulement après la commémoration de la rafle de Vel d?Hiv. Nouvel avatar dans les relations franco-israéliennes. Ariel Sharon est déclaré par Paris «persona non grata» à la suite de son appel aux juifs de France à «immigrer en urgence en Israël» et en désignant les musulmans de France comme «la source d?un antisémitisme déchaîné». Le Premier ministre israélien n?étant donc pas «le bienvenu pour l?heure à Paris». La crise coïncide avec la commémoration dimanche de la rafle à Paris, le 16 juillet 1942, de milliers de juifs déportés par la police française de Vichy, dite «rafle du Vel d'Hiv». La position française a été transmise oralement par voie diplomatique et n'a pas fait l'objet d'un message écrit du président Jacques Chirac, selon des sources officielles des deux pays. La France n'examinera une éventuelle visite en France d'Ariel Sharon que lorsque Israël aura fourni des «explications» sur l'appel du Premier ministre aux juifs de France à immigrer en urgence en Israël, a déclaré, pour sa part, hier soir, la présidence de la République. L'appel de Sharon aux juifs français pour qu'ils immigrent en Israël à cause de l'antisémitisme qui, selon lui, les affecte, a suscité l'indignation en France, y compris dans la communauté juive. Sharon a poussé dimanche les juifs de France à venir en Israël «immédiatement» insistant sur le fait que les juifs en France seraient plus menacés que dans d'autres pays. Des responsables israéliens ont tenté, par la suite, de minimiser les propos de M. Sharon soulignant qu'il avait rendu hommage à l'action des autorités françaises contre des violences antijuives. Le 8 juillet, le président Chirac avait appelé les Français «au sursaut», face à la recrudescence d'actes racistes et antisémites et exigé que la justice traite ces affaires avec «la plus grande sévérité et la plus grande exemplarité». En revanche, le gouvernement israélien a tenté, ce matin, de minimiser la crise. «Il n'y a pas de crise entre les deux pays mais plutôt un malentendu culturel qu'il faut s'efforcer désormais de dissiper en se donnant le temps de la réflexion», a affirmé un porte-parole du gouvernement, Avi Pazner. «Pour nous, l'appel du Premier ministre aux juifs du monde entier, et pas seulement de France, constitue un des fondements idéologiques de l'Etat d'Israël, alors que les Français y voient autre chose», a ajouté M. Pazner, ancien ambassadeur d'Israël à Paris. «Le Premier ministre n'avait aucune intention de blesser qui que ce soit, il a d'ailleurs rendu hommage à l'action ferme menée par le président Jacques Chirac contre l'antisémitisme», a-t-il poursuivi.