Il y a 10 ans, le 5 août 1994, une explosion de violence jamais vue depuis la fondation du régime castriste en 1959 secouait La Havane et donnait le coup d'envoi d'un nouvel exode de masse : au péril de leur vie, 36 000 Cubains gagnaient en quelques semaines les côtes de Floride sur des embarcations de fortune dans l'espoir d'une vie meilleure. Cinq ans après la chute du Mur de Berlin, les 11 millions de Cubains sont plongés dans le dénuement, les privations et les coupures d'électricité interminables : le grand frère soviétique a disparu, ses subsides avec. Poussés au désespoir, des Cubains commencent, dès juillet, à s'emparer, par la force, de navettes ou de remorqueurs du port de La Havane pour tenter de gagner les côtes américaines, distantes de 150 kilomètres. Le 5 août, ils sont plusieurs milliers massés sur le Malecon, le boulevard qui longe l'océan, à commenter une nouvelle tentative de détournement qui a mal tourné la nuit précédente : un policier a été tué. En début d'après-midi, les forces de l'ordre tentent de disperser la foule, qui riposte à coups de pierres et de bâtons. Les affrontements durent près de trois heures, avant que la «brigade Blas Roca» ? une milice ouvrière ? ne disperse les manifestants. Bilan : des dizaines de blessés et quelque 300 arrestations.