Le jour des tragiques événements d?août 1994, Fidel Castro occupe la scène quelques heures après et accuse. «L'impérialisme» américain tente de «fomenter le mécontentement de la population, de créer des incidents et de stimuler les sorties illégales» de Cuba, déclare-t-il le soir même à la télévision. Surtout, il menace Washington d'une réédition de l'épisode de Mariel, quand il avait donné le feu vert à une déferlante de 125 000 Cubains arrivés sur les côtes de Floride en 1980 depuis le petit port distant de 35 km de La Havane. A Washington, Bill Clinton réplique qu'il ne laissera pas Cuba lui dicter sa politique d'immigration. Mais dans les jours qui suivent, d'abord de nuit, puis en plein jour, les Cubains partent par centaines puis par milliers sur des embarcations de fortune, les «balsas», qui donneront leur nom aux «balseros», les boat people cubains : sur des chambres à air de camions ou de tracteurs, des radeaux de planches et de polystyrène plus ou moins bien ficelés, ou des barques pour les plus fortunés, sans carte ni boussole, ils s'élancent des abords de La Havane sur les eaux du détroit de Floride, dans l'espoir d'être recueillis par les gardes-côtes américains à la sortie des eaux territoriales.