Résumé de la 1re partie : En 1893 la flotte anglaise longe les côtes syriennes en formant deux files parallèles à leur tête le «Victoria» commandé par l?amiral Tryon. En tête de chacune des files s'avance un cuirassé : en tête de la file de droite le «Victoria» sur lequel se trouve l'amiral, en tête de la file de gauche, le «Camperdawn». Derrière chacun des deux cuirassés suivent les navires plus petits, par ordre d'importance. - C'est alors qu'il vient à l'amiral une idée louable en soi : pour donner une idée encore plus impressionnante de la qualité man?uvrière d'une escadre anglaise, il décide que l'on va faire comme les gymnastes, quand ils marchent sur deux files et arrivent au bout du stade. La file de droite fait un demi-tour à gauche, celle de gauche fait un demi-tour à droite, et ses deux files se retrouvent dans le sens inverse, toujours parallèles mais beaucoup plus rapprochées. Avec les gymnastes, c'est facile. Avec les navires de guerre, ça l'est moins. En fait, cela dépend des deux têtes de file : les autres n'ont qu'à suivre scrupuleusement le sillage précédent. L'amiral Tryon commence donc par dire au commandant du «Victoria» : «Faites envoyer les pavillons signifiant ceci : «Cuirassé ??Victoria?? et sa file, venir de seize quarts (180 degrés) à bâbord par la contremarche. Cuirassé ??Camperdown??, venir de seize quarts à tribord par la contremarche.» Ce qui ajoute au grandiose de l'histoire, c'est que de navire à navire, à l'époque, on communique par pavillon. Notons bien pourtant que sur le «Victoria» l?amiral et le commandant communiquent directement par tube acoustique. Le commandant du «Victoria» commence par «digérer» l'ordre qu'il vient d'entendre. Au bout de quelques secondes, il s'aperçoit qu'en fait il ne le digère pas... Il se penche sur son tube acoustique et dit : - «Commandant à l'amiral... Je demande respectueusement confirmation de cet ordre.» L'amiral répond : «Qu'est-ce qui se passe commandant ? Vous n'avez pas compris ? J'ai dit : ordre aux deux files, venir de 180 degrés par la contremarche !» - Qui, monsieur, certainement, monsieur. Cependant, puis-je respectueusement faire une remarque concernant cet ordre ? - Une remarque ? Certainement commandant. Laquelle ? ?Puis-je vous faire observer, monsieur, que notre rayon d'évitement est de 730 mètres ?» (Le rayon d'évitement, c'est le rayon maximum de la courbe qu'a besoin de décrire un navire pour faire demi-tour. Plus il est gros, bien sûr, plus le rayon est grand. Pour plus de clarté nous traduisons le dialogue qui suit en système métrique.) «Eh bien, commandant, demande l'amiral toujours dans le tube acoustique, dites-moi quel rapport il y a entre ce que vous dites et l'ordre que je viens de vous donner ? ? Le rapport, monsieur, avec votre respect, c'est que le rayon d'évitement du «Camperdown», bien qu'il soit plus petit que nous, est, à ma connaissance, de 550 mètres... ? Et alors ? demande l'amiral qui s'impatiente. ? Eh bien, monsieur, 730 + 550, cela donne 1 280 mètres. Or nous sommes séparés du «Camperdown» par 1 090 mètres. Si nous faisons demi-tour en même temps l'un vers l'autre, je crains que nous ne puissions faire autrement que de nous rencontrer... A suivre