L?amitié, comme disait La Fontaine, est une douce chose : h?bib-ek ki khuk ? disent les Algériens, ton ami, c?est comme ton frère. Et comme on supporte tout d?un frère, on supporte tout d?un ami. Al-h'adjra men yed leh'bib tefah'a, dit le proverbe, «la pierre de la main d?un ami est une pomme», autrement dit, il ne faut pas se formaliser si un ami tient des propos désobligeants, ou même fait des choses qui ne sont pas convenables : il se trompe, il fera amende honorable et l?amitié sera sauvegardée. L?ami, c?est leh'bib, du verbe hubb aimer, c'est aussi refiq, littéralement le compagnon, celui avec qui on va, avec qui on partage les bonnes et les mauvaises choses. En berbère, on dit, dans le même esprit, amddakuI, du verbe ddakuI aller avec. Mais, dit-on, il faut se méfier des faux amis(es), ceux et celles qui ne manquent pas de vous jurer fidélité, mais qui se dérobent dès que vous avez besoin d?eux. On cite, à ce propos, la fable de l?homme qui voulait éprouver son fils. Celui-ci, un jeune garçon insouciant, se vantait d?avoir une multitude d?amis sur lesquels il pouvait compter en cas de danger. «Nous allons voir si c'est vrai, lui dit son père. Appelle tes amis un par un, fais-les entrer à la maison et montre-leur un corps que je dissimulerai sous un drap. Dis-leur que tu as tué un homme par erreur et que tu ne sais quoi faire du cadavre. Demande-leur de t'aider». Le père égorge un mouton et le dissimule sous un drap. Les amis du fiIs viennent l'un après l'autre et, apprenant qu'il s'agit d?un meurtre, se dérobent l?un après l'autre, prétextant une affaire urgente. SeuI le dernier propose son aide et dit : «Même s'il faut manger le cadavre pour t'épargner la prison, je le ferai». Heureusement qu'il s'agit d'un «cadavre» de mouton dont les deux amis vont se régaler ! Fi waqt ddiq, dit le proverbe, iban lerfiq, «c'est en période de difficultés qu'apparaît l'ami» ! Le même proverbe existe dans les dialectes berbères.