Le Prophète, dit-on, a recommandé de bien traiter le voisin. Dans un de ses dires, il affirme que l'ange Gabriel lui a tellement parlé du voisin qu'il a cru, un moment, qu'il allait faire de lui un héritier ! Les Algériens prennent cette recommandation à la lettre, en multipliant les formules : al-djar ki khuk (le voisin est comme ton frère), ma tkhunch djarek (ne trompe pas ton voisin), h'tarem djarek (respecte ton voisin), etc. Un proverbe très connu dit même : «Ldjar qbel mn ddar» (choisis ton voisin avant la maison). Autrement dit, quand on s'installe, il ne faut pas acheter une maison parce qu'elle est grande ou belle, mais parce qu'elle a un bon voisinage. Et quand le voisinage est mauvais, un autre proverbe recommande : «Idha baghd'ak djarek, h'ewwel bab darek» (quand ton voisin te déteste, déplace la porte de ton logis ? c'est-à-dire déménage). En dépit de toutes les recommandations, les voisins ne sont pas toujours commodes et les inimitiés sont courantes. Ainsi, par exemple, il est recommandé, quand on le peut, d'habiter dans une maison individuelle, sans voisinage : «Al djar ikettar zzbal u ykherredj lekhbar» (le voisin jette partout ses ordures et il divulgue les informations), c?est-à-dire qu'il ne respecte pas ceux qui habitent avec lui et trahit leur intimité. Un autre proverbe dit encore : «Djara b djara, w la' dawa khsara» (une voisine en vaut une autre et on ne s'attire d'elle qu'inimitié et dommages) ! Mais comme on doit sauver les apparences et que de toutes façons, on ne peut pas choisir ses voisins, on continue à dire que le voisin est un frère... Le mot djari (mon voisin) est employé comme terme d?adresse, non seulement pour le voisin mais aussi pour le compagnon, I'ami, voire pour la personne que l'on aborde pour la première fois !