Résumé de la 5e partie Au retour de La Mecque où il a effectué le pèlerinage, Abu Madyan Chou?ayb s'installe à Béjaïa où il s'occupe d'enseignement. La tradition populaire lui attribue de nombreux miracles. Les pieux musulmans préfèrent dire karamate, c?est-à-dire des dons de Dieu pour magnifier sa grandeur. Parmi les karamate réalisées par le saint, on cite l'épisode du four, rapporté par Yahia Ibn Khaldoun. Un de ses disciples favoris, voulant prouver au monde la force spirituelle de son maître, lui fait cette proposition : «Maître, ordonne-moi d?entrer dans un four allumé et je le ferai ! ? Non, non ! dit Abu Madyan, je ne donnerai pas cet ordre !» L'étudiant est attristé. «Maître, pourquoi refuses-tu de réaliser un prodige qui confondrait tes ennemis et renforcerait ton prestige ? ? A quoi bon ce genre de démonstration si, toi, tu es convaincu que je dis la vérité ? ? Maître, c'est des autres qu?il s'agit, pas de moi !» Le disciple insiste tellement que le saint finit pas céder. Il le conduit lui-même au four où on cuit le pain. Le boulanger vient de l'allumer et il s'apprête à y introduire ses miches. L'étudiant veut entrer. «Eh là, s'exclame le boulanger, le four est allumé, tu risque de te brûler !» Les disciples expliquent les intentions de leur camarades et le boulanger, effrayé, le laisse faire. Il connaît la réputation de thaumaturge d?Abû Madyan, mais il ne pense pas qu'on puisse échapper à un four incandescent ! On laisse donc le disciple dans le four et chacun vaque à sa affaires. Abû Madyan oublie même son disciple et quand il lui revient à l'esprit, il se précipite au four. «Ouvre-le !» ordonne-t-il au boulanger. Il ouvre le four et on trouve le disciple, accroupi dans un coin, méditant à quelque question. «Alors ? demande Abu Madyan. ? La chaleur ne m'a pas atteint, dit-il, au contraire, les flammes jetaient dans ma direction des bouffées de fraîcheur !» Le prodige fait le tour de la ville et augmente la considération et le prestige du maître. Le nombre de ses disciples augmente de façon considérable. Certains se disent même prêts à tout abandonner pour le suivre. C?est le cas d?un certain Abu Zahr, un fonctionnaire de haut rang qui était très riche et qui, pour suivre les traces du maître, a vendu tous ses biens et les a distribués aux pauvres. La véritable richesse, disait Abu Madyan, est celle des c?urs. Mais il tenait à avertir ceux qui voulaient être de ses disciples que la voie qui y conduit est étroite et semée d'embûches. Il répétait souvent cette sentence : «Celui qui connaît Dieu ne cesse de l'invoquer, aussi bien à l'état de veille que dans le sommeil, celui qui a goûté à la douceur de la prière ne peut plus trouver le sommeil !» (à suivre...)