Résumé de la 3e partie Un certain Joseph Whitman est soupçonné d?être le tireur de la tour ; l?inspecteur Martinez décide de l?arrêter. Mais ce qui frappe de stupeur l'Amérique tout entière, suspendue aux images hallucinantes que la télévision distribue de la côte Est à la côte Ouest, plus encore peut-être que l'horreur du drame lui-même, c'est de découvrir qu'en quelques minutes à peine, des centaines d'habitants sont apparus armés ! Sur le campus, en l'espace d'une demi-heure, une centaine de carabines de tous calibres sont apparues dans les mains des étudiants. Dans la cafétéria du campus, un étudiant sud-américain, qui s'est réfugié là avec des camarades, regarde cela avec étonnement ; «Vous êtes des maniaques de l'arme à feu», dit-il. C'est ce que découvre l'Amérique d'elle-même et surtout du Texas. Elle se souvient qu'il y a trois ans, c'est au Texas que fut assassiné Kennedy. La tour de granit d?Austin, vers laquelle des centaines, peut-être des milliers de fusils sont braqués, et d'où Joseph Whitman continue à tirer de temps en temps, devient un symbole : celui de la paranoïa dont le Texas tout entier semble malade. «Un fou qui tire d'une tour, ça peut arriver n'importe où, répondent les Texans aux reporters de la télévision. ? C'est vrai, mais il se trouve que c'est encore au Texas qu'un fou vient de monter sur une tour pour tirer...» Le ton des interviews est acerbe. Pendant ce temps, des centaines de balles tirées par n'importe qui s'écrasent chaque minute sur le granit de la «tragique tour texane» ! Comment la population d'une ville peut-elle riposter avec tant d'acharnement, avec une telle violence, avec une telle ampleur ? Comment, pour un seul homme qui tire, peut-il se trouver mille hommes pour lui riposter les armes à la main ? C'est la question que toute l?Amérique, brusquement, se pose. A la télévision, les sociologues commencent à expliquer : le Texas fut par excellence le pays de l'aventure, des combats avec les Indiens, le pays du pétrole. Le Texas, c'est la fin d'une grande aventure. Les Texans, obligés de se plier à la vie moderne, ne le font qu'à regret. Ils sont tous descendants de pionniers tchécoslovaques, polonais, alsaciens, allemands ou suédois. Ils ont tous dans leur famille un arrière-grand-père, voire un grand-père qui peut montrer le fusil avec lequel il a soi-disant défendu son ranch contre les Indiens. Le Texas, c'est l?un des derniers Etats ralliés à la Confédération des Etats-Unis d'Amérique. C'est un pays deux fois grand comme la France avec seulement dix millions d'habitants. C'est l'Etat rebelle par nature et par tradition. 70 à 80% des gens y possèdent une arme. Il suffit d'être majeur pour pouvoir se promener avec un fusil ou une carabine de chasse sur l'épaule sans enfreindre la loi. On interdit seulement, à cette époque, le port d'armes non visibles. Au Texas, l'un des personnages les plus célèbres est un bandit qui, voici cent ans, tua quarante personnes en un seul jour sans descendre de son cheval... Au vingt-sixième étage de la «tragique tour texane», Martinez et McKoy entendent à peine, à travers les murs de granit, les coups de feu que l'étudiant en architecture, Joseph Whitman, tire depuis la terrasse du vingt-septième. Un bref instant, ils aperçoivent, par une des petites fenêtres de l'escalier, le campus qui s'étend au pied de la tour et, plus loin, toute la ville. Son fusil engagé dans un créneau, Joseph Whitman doit ressentir une véritable ivresse, réaliser ce rêve qu'il avait confié au psychiatre : «Un jour, je monterai en haut de la Tour et je descendrai tout le monde.» De là, dans la lunette de son fusil, il peut voir bouger la moindre feuille sur un arbre. Soudain, Martinez montre à McKoy une goutte de sang qui vient de tomber sur une marche de l'escalier. Et puis une autre... Du sang qui coule goutte à goutte. A mi-chemin entre le vingt-sixième et le vingt-septième étage, ils trouvent deux corps : une femme et un garçon de quinze ans. On saura plus tard qu?ils étaient venus là pour monter jusqu?à la promenade d?observation, au dernier étage et admirer le panorama. (A suivre...)