Calendrier La seconde quinzaine d?août coïncide cette année avec le début du mois hégirien de Redjeb, ce qui annonce, pour les musulmans du monde entier, que le mois sacré du ramadan est tout proche. Dans la bonne ville de Annaba, on évoque déjà l?événement avec plus ou moins d?appréhension, surtout dans les familles démunies pour lesquelles ramadan est synonyme de dépenses supplémentaires. Cela n?empêche pas que cette période de piété soit accueillie ici avec beaucoup d?égards. On s?y prépare comme pour recevoir un hôte de marque. Pour commencer, on procède au grand nettoyage de la maison. Rien ne sera négligé et toutes les femmes de la famille seront mises à contribution pour dépoussiérer et laver murs, vitres et meubles. Certaines peintures seront même rafraîchies. Chacun fera de son logis un palais où il fera bon se retrouver, car c?est le seul mois de l?année où enfants et parents se rencontrent régulièrement et au même moment autour d?une table, ne serait-ce que le temps de rompre le jeûne. Les ménagères n?omettront surtout pas de faire l?inventaire de leurs ustensiles de cuisine et de leur vaisselle, avant de se rendre chez le marchand du coin pour acheter ce qui manque et on peut être certain que beaucoup de choses manqueront. Ces onéreuses formalités accomplies, il faudra également penser aux provisions : concentré de tomate, huile, semoule et frik auront la priorité sur la liste spéciale des emplettes ; viendront ensuite les raisins secs, pruneaux et pour certains la mouloukhia qui serviront à la confection du repas du premier jour. Il en est qui ne prépareront pas d?autre mets que la fameuse mouloukhia à la viande de veau pour rompre le jeûne de la journée d?entame du mois sacré. D?autres, et ils sont certainement les plus nombreux, opteront pour l?inévitable plat de marqa hlou ou l?hem hlou (viande sucrée) qui n?est autre que cette préparation de viande aigre-douce, faite essentiellement de pruneaux de raisins et parfois de d?abricots que l?on fait cuire avec du sucre. Ces deux plats se veulent plus symboliques que culinaires, ils sont supposés amener à la table du jeûneur toute la douceur et la beauté d?âme qu?on puisse souhaiter à sa maisonnée durant tout le mois sacré et plus longtemps pourquoi pas. Les Annabis sont réputés, en temps normal, pour leur inclination pour les plaisirs de la table ; il est alors facile d?imaginer le travail imposé aux maîtresses de maison lorsque le ramadan aiguise les appétits ! Le fameux djerri au frik qui sera au menu pendant trente jours consécutifs s?accompagnera immanquablement de briks aux dimensions titanesques, ne laissant qu?une toute petite place aux plats traditionnels et aux tadjines. Il vaut mieux arrêter l?enumération des plats et dire tout simplement qu?à Annaba, les gens se ruinent pour la nourriture. Rappelons que le mois sacré est pour bientôt.