Croyance Opium du peuple ou vocation naturelle et spontanée au culte, la vénération des marabouts reste l?un des us auxquels beaucoup d?adeptes souscrivent encore dans nos régions. La coquette, ville cosmopolite et moderne s?il en est, ne déroge pas à la règle. On y dénombre pas moins de dix zaouïas que les habitants visitent régulièrement à des moments précis de l?année ou lors d?événements exceptionnels que l?on attribue à un manquement quelconque à ses devoirs envers tel ou tel saint. Ouled El-Feda, Sidi Hemaïda, El-Qatara, Guedad, Dhor ou Aïn Achir et Sidi Brahim pour ne citer que ceux-là, n?ont pas tous des mausolées ; certains ne sont que de simples lieux-dits, mais cela n?empêche pas qu?on les honore à intervalles réguliers. La ziara ou visite se fait en famille ou avec des voisins de quartier qui partagent les mêmes croyances. Le rite est invariablement le même pour chacun des marabouts de la ville. On organise une meïda où l?on sert du thé ou du café et des petits gâteaux qu?on aura pris le soin de préparer spécialement pour la circonstance, comme le veut la tradition. Cette offrande est venue remplacer la zerda d?antan autrement, plus onéreuse parce qu?elle impliquait qu?on égorgeât une ou plusieurs bêtes pour préparer un gigantesque couscous que tout le monde pouvait déguster. Après avoir brûlé de l?encens et allumé des cierges en hommage au saint des lieux, les participants entonnent des chants religieux au son des bendirs et des tars. Le rythme s?accélérant, les femmes se mettent alors à danser, il en est qui vont jusqu?à entrer en transes et parfois s?évanouir. Les incantations se prolongent ainsi durant une bonne partie de l?après-midi et parfois jusqu?à une heure tardive de la nuit. Les anciens affirment qu?à une certaine époque, il se passait des choses au moment des ziaras, des phénomènes inexplicables qui attestaient, semble-t-il, de la présence de saints esprits. Une manière de dire que les v?ux de certains seront exaucés. On ignore cependant si ces manifestations étaient suivies d?effets positifs ou non. Les organisateurs des rencontres préfèrent y croire encore. Qui les en blâmerait ?