Une jolie expression, «'ars eddib» en arabe, «tameghra n wuchchen» en berbère, désigne, en Algérie, un curieux phénomène atmosphérique caractérisé par la présence simultanée du soleil et de la pluie suivie de l'apparition d?un arc-en-ciel. Dans certaines régions, l'arc-en-ciel est lui-même désigné par cette expression. Dès que l'on voit apparaître les couleurs de l'arc, on s'écrie «'ars eddib» ou «tameghra n wuchchen» (c?est le mariage du chacal). Il y a, à la base de cette curieuse expression, une légende qui a pour héros, bien sûr, le chacal. On raconte que le chacal, voulant convoler en justes noces, lance une invitation aux animaux de la forêt : «Demain, je me marie, venez tous à ma fête !» Les animaux accueillent la nouvelle avec joie car, connaissant les traditions, ils pensent faire un bon repas. Mais c'est méconnaître le chacal qui a plus d'un tour dans son sac. Il a invité ses compagnons pour collecter leurs cadeaux mais, en échange, il ne veut rien leur donner. Le jour de la fête arrive. Les animaux de la forêt se présentent avec des présents : farine, huile, sucre, légumes? Le chacal prend tout ce qu'on lui donne et ses convives s'installent, attendant le couscous. Ils attendent longtemps, le chacal s?étant dérobé. La légende raconte que les saints de la forêt, outrés par ce comportement indigne, déchaînent les éléments naturels : il se met à pleuvoir alors que le soleil est au zénith, les éclairs zèbrent un ciel tout à fait bleu ! Les animaux, croyant que la fin du monde est arrivée, s'enfuient. La noce du chacal est gâchée, en punition de sa mauvaise foi ! Cette légende doit recouvrir un mythe très ancien, puisque des peintures rupestres du Sahara, remontant à la plus haute préhistoire, mettent en scène, dans des positions érotiques, des chacals et des êtres humains. On pense qu'il s'agit de pratiques magiques destinées à favoriser la fécondité de la terre, mais on ignore la signification de ces scènes et leur symbolisme.