Interrogation Si l'instant est à l'émotion des retrouvailles après la libération des deux journalistes français, la presse française pointe déjà la question du nécessaire bilan de la diplomatie française. La presse française s'interroge, ce mercredi, au lendemain de l'annonce de cette libération, sur la gestion de la crise par les autorités de Paris. «Un mystère de 124 jours», titre à la Une le quotidien Libération (gauche). S'il souligne que «tout est bien qui finit bien» et que «la France sort la tête haute d'une affaire qui a bien failli ruiner, à plusieurs reprises, sa réputation», le journal insiste sur l'«embrouillamini diplomatique» qui a entouré l'affaire depuis quatre mois. Et Libération de rappeler la «succession d'annonces déçues et de maladresses à répétition», ainsi que «les quatre mois d'attente et de cacophonie qui ont fait douter de la capacité du gouvernement de dénouer la crise». «Libres !», annonce Le Figaro (conservateur) qui poursuit : «De vastes zones d'ombre subsistaient, hier soir, sur les conditions de leur libération.» Le Figaro s'interroge sur le rôle joué par les autorités proaméricaines au pouvoir à Bagdad, la Syrie et l'Iran. «Enfin !», titre en très gros caractères le quotidien communiste L'Humanité, au-dessus d'une photo d'archives des deux journalistes. «La libération enfin venue, nous en saurons, peut-être, plus, au fil des jours, sur les circonstances de cet enlèvement, sur les motivations de ces ravisseurs, sur les obstacles qui avaient finalement fait capoter une libération donnée comme probable dans les premières semaines de leur enlèvement». L'Irak «s'enfonce dans le chaos. Est-ce parce que la diplomatie française ne s'est jamais résignée à cet état de guerre que certains ont, plusieurs fois, tenté de la mettre en cause dans cette affaire, au risque de la vie des trois otages ?», demande L'Humanité. «Les semaines qui viennent nous apporteront peut-être sur ce point d'utiles éclaircissements», conclut-il. De son côté, un député français, qui avait mené parallèlement à la diplomatie française une mission controversée pour tenter de libérer les deux journalistes français détenus en Irak, a déclaré mardi, après leur libération, qu'il n'accepterait pas d'être «un bouc émissaire» dans cette affaire. «Je souhaite ne pas entrer dans une polémique», car «les deux otages savent très bien ce qu'on a fait pour les libérer. Ils le diront. J'ai énormément d'amis en Irak qui étaient à côté de ceux qui les détenaient», a déclaré Didier Julia, député du parti gouvernemental UMP, dans un entretien que publie ce mercredi le quotidien Le Parisien. - Un avion de l'armée de l'air, un Falcon 900 de 14 places, chargé de rapatrier les deux ex-otages français, devait décoller de la base de Villacoublay en région parisienne, ce mercredi vers 8h, et doit regagner la même base en fin d'après-midi, avec à bord Michel Barnier (ministre des Affaires étrangères), quelques proches des deux journalistes et, sans doute, un médecin. Christian Chesnot et Georges Malbrunot, libérés mardi, ont passé la nuit à Bagdad. Christian Chesnot, 37 ans, qui travaille pour Radio France Internationale, et Georges Malbrunot, 41 ans, journaliste au Figaro, avaient été enlevés avec leur guide syrien le 20 août, alors qu'ils se rendaient à Najjaf, à 160 km au sud de Bagdad, pour couvrir la rébellion du chef radical chiite Moqtada Al Sadr.