La circoncision a ceci de particulier à Souk-Ahras c?est qu?elle s?accompagne toujours de rituels propres aux Aïssaoua et aux Qadria perpétuant ainsi une tradition qui remonte très loin dans le temps. Les chants religieux de ces derniers, suivis de démonstrations de force psychique, ne laissent pas indifférent le spectateur qui se laisse souvent aller jusqu?à entrer en transe à leur écoute. Imprégnés certainement des coutumes qui sont encore vivaces dans la région nord-ouest de la Tunisie toute proche, les habitants de Souk-Ahras ne peuvent pas concevoir, pour la plupart, au devoir de circoncision de leurs enfants sans la présence des troupes locales de Aïssaoua. Les Qadria sont sollicités dans une moindre mesure, car leur rituel est de loin plus choquant pour les personnes sensibles, car ils font usage de beaucoup d?artifices lors de leur production. Il suffira de les voir une fois pour se convaincre de leurs pouvoirs étonnants, comme avaler des bris de verre, se planter de longues aiguilles ou se lacérer le corps au moyen de lames incandescentes. Un spectacle irréel qui ajoute au sacré de la cérémonie. Les Aïssaoua se limitent, pour leur part, à interpréter des chants qui se prêtent à chacune des étapes qui ponctuent la circoncision, depuis la séance de la tonsure jusqu?à l'acte de circoncision. Le rythme des bendirs et des tambourins est si entraînant qu?on a souvent vu des salles entières se soulever et danser jusqu?à l?évanouissement. Le passé et le présent se mêlent alors au plus grand plaisir des sens.