Résumé de la 30e partie ■ La baronne pense que la plupart des femmes qui ont assassiné leur amant sont comme elle... elles pensent toujours à lui, même en prison ! Vous avez raison, Eliane, l'amour est un sentiment très étrange... Je reviendrai vous voir bientôt, mais si j'avais un conseil a vous donner, ce serait de ne rien révéler aux autres détenues de votre histoire. Restez «la Baronne» un peu distante qu'elles jalousent... Vous serez plus tranquil1e ! En reprenant le couloir, la visiteuse était presque aussi triste que l'ancien mannequin prostré dans sa détresse. Mais connaissant maintenant toute son histoire, elle ne pouvait s'empêcher de penser que les jurés avaient infligé à Eliane une bien lourde peine. Le vrai criminel, n'était-ce pas ce Daniel qui avait brisé la vie d'une amoureuse sincère qui voulait croire au bonheur ? La malheureuse expierait toute sa vie une faute pour laquelle elle n'était qu'à moitié coupable... Malgré son abattement, madame Claire savait qu'il lui fallait continuer sa journée car les détenues avaient besoin d'elle. Et certaines étaient plus malheureuses encore que la Baronne : les malades de l'infirmerie. Trois religieuses, sœur Dorothée - à qui on s'adressait en disant respectueusement «ma mère» puisqu'elle dirigeait cette minuscule communauté - , sœur Agathe et sœur Emeline, se relayaient nuit et jour pour prodiguer leurs soins à la demi-douzaine de détenues dont l'état avait nécessité le transfert à l'infirmerie. Ce fut la supérieure, sœur Dorothée elle-même, qui ouvrit la porte à la visiteuse. — Ah, c'est vous, madame Claire ! Nos pensionnaires vont être bien heureuses de vous retrouver ! Pas plus tard que ce matin, Irma, vous savez, la brune que vous connaissez bien; me demandait encore de vos nouvelles : «Mais est-ce que cette bonne madame Claire ne va pas bientôt revenir, nous voir ?» Entrez vite ! Dans une première chambre assez vaste, se trouvaient deux lits, chacun occupé par une détenue : Irma, la brune dont venait de parler sœur, Dorothée, et Mine, la blonde, toutes deux anciennes prostituées de la rue Saint-Denis. Aucune n'avait tué, mais elles avaient été les complices actives de leurs souteneurs qui, eux, étaient de véritables bandits doublés d'assassins. Ils avaient notamment été responsables de la mort d'un gardien de la paix au cours d'un braquage de banque qui avait mal tourné. Irma et Aline avaient été, après leur jugement, incarcérées à la prison de Fleury-Mérogis, mais au cours d'une visite médicale on s'était aperçu qu'elles étaient séropositives. Quelques mois plus tard, toutes deux, presque en même temps, avaient développé un sida et on les avait alors transférées à la Centrale qui était mieux équipée pour traiter cette maladie nouvelle et terrible. A chacune de ses visites, madame Claire pouvait hélas constater que malgré les soins intensifs prodigués aux deux détenues, leur état empirait visiblement. A suivre