Résumé de la 65e partie ■ Le capitaine du «Melbourne» décrit à Chantal certains lépreux que son navire a transportés... Parmi eux, Chantal remarqua un vieillard à longue barbe et au teint blanc, portant sur la poitrine une croix en or qui surmontait une large ceinture violette. C'était certainement un prêtre catholique la soutane noire tranchait sur les vestons blancs des autres occupants du canot. Tous les visages étaient cachés par de grands chapeaux de paille à large bord, destinés à protéger des insolations. La vedette automobile doubla le «Melbourne» pour accoster à tribord : ce qui la fit disparaître du champ de visibilité réduit qu'avait Chantal par son hublot. Elle revint s'asseoir sur sa couchette. A quoi bon monter sur le pont pour revoir ces faces de Chinois, d'Indiens, ou même de Fidjiens ? Ce soir, elle serait à Levuka, la dernière étape du Monstrueux voyage. Jeannot-Lapin avait changé, lui aussi de navire et somnolait sur un nouvel oreiller ; il devait être ahuri de son aventure. Elle allait s'allonger lorsqu'on frappa à la porte. Le commissaire reparut. — Madame, vous avez un visiteur qui demande si vous pouvez le recevoir. — Qui cela ? demanda Chantal avec méfiance. — Monseigneur Midal, vicaire apostolique de Suva. Il vient quelquefois à bord quand le «Melbourne» transporte une personnalité importante c'est toujours un grand honneur pour notre navire... Monseigneur demande s'il peut venir vous parler ici parce qu'il vous connaît très bien. Chantal s'était levée, stupéfaite : — Je ne l'ai jamais vu Elle n'eut pas le temps d'achever sa phrase. La silhouette du prêtre, qu'elle avait entrevu dans le canot automobile, venait de s'encadrer dans la porte et une voix grave dit au commissaire : — Laissez-nous. Madame et moi nous avons à parler... — Mon enfant, commença l'évêque, ne vous formalisez pas si je vous appelle ainsi.., je pourrais aisément être votre grand-père !... Je vous connais déjà, grâce à une lettre de Mère Dorothée. Je suis au courant du malheur qui vous frappe momentanément et je sais que vous êtes venue dans nos contrées perdues pour guérir plus vite, loin des regards de ceux au milieu desquels vous avez vécu jusqu'à ce jour. Je sais également que vous n'avez pas de religion ce n'est donc pas le prêtre qui vient vous rendre visite, mais l'ami de tous ceux qui souffrent physiquement ou moralement. Chantal regardait les yeux ridés du vieillard, empreints d'un mélange de malice et de bonté comme ceux de la sœur Dorothée. Si j'ai tenu à vous, rendre visite dans votre cabine, c'est parce que je me doute que vous n'avez aucune envie de vous montrer avant d'être arrivée à Makogaï ! Comptez sur moi on ne vous verra pas... (A suivre...)