Guérilla ■ Des combats de rue opposaient ce matin les forces kurdes aux djihadistes dans plusieurs quartiers de Kobané, la ville syrienne en passe de tomber aux mains du groupe Etat islamique (EI). Les forces kurdes engagées dans la défense de la troisième ville kurde de Syrie, connue également sous le nom d'Aïn al-Arab, étaient parvenues à repousser dans la nuit de dimanche à lundi un assaut des djihadistes, mais ceux-ci ont finalement réussi à entrer dans Kobané hier en fin de journée. S'ils conquièrent Kobané, les djihadistes s'assureront le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque. Très rapidement, ils se sont emparés de trois quartiers de la ville : «ils ont pris la cité industrielle, Maqtala al-Jadida et Kani Arabane, dans l'est de Kobané, après de violents combats contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG)», a déclaré le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), en évoquant des scènes de «guérilla urbaine». Un militant kurde, Mustafa Ebdi, a confirmé que des avions de la coalition avaient frappé dans la nuit des positions de l'EI. Mais, a-t-il souligné, ces bombardements ont eu peu d'impact sur l'avancée des djihadistes, qui ont planté des drapeaux noirs de l'EI à une centaine de mètres à l'est et au sud-est de Kobané. Néanmoins, a-t-il dit, «les combattants kurdes restent optimistes. Ils ne possèdent que des armes légères, mais ils connaissent la géographie de Kobané par cœur. Ils défendront leur ville jusqu'au dernier d'entre eux». La ville est défendue par les Unités de protection du peuple kurde (YPG), la principale milice kurde syrienne. Un responsable kurde, Idriss Nahsen, a aussi déploré que les raids «soient insuffisants pour battre les terroristes au sol», réclamant «armes et munitions». Terrorisés par l'avancée des djihadistes connus pour leurs exactions - meurtres, viols, rapts- des centaines «de civils résidant dans les quartiers Est ont fui vers la Turquie voisine», a-t-il précisé. Sur Twitter, les messages se multipliaient, certains faisant état de l'avancée de Kurdes de Turquie vers la frontière syrienne pour venir en aide à la ville. Sur sa page Facebook, un militant kurde originaire de Kobané a précisé que l'EI avait «lancé l'assaut grâce à des kamikazes qui se sont fait exploser». Dans la nuit pourtant, les combattants des YPG étaient parvenus à tendre une embuscade aux djihadistes, tuant 20 d'entre eux. Lancée le 16 septembre, l'offensive de l'EI pour prendre Kobané a déjà fait des centaines de morts dans les deux camps et poussé à la fuite quelque 300 000 habitants, dont 180 000 ont trouvé refuge en Turquie. L'EI a réussi à s'emparer de près de 70 villages sur le chemin de Kobané. Selon un responsable local de Suruc, la ville turque la plus proche de Kobané, quelque 700 personnes ont franchi dans la nuit la frontière pour se réfugier en Turquie, aussi bien des civils que des combattants des YPG.