Résumé de la 31e partie ■ Malgré son abattement, madame Claire continua sa tournée en rendant visite aux malheureuses malades de l'infirmerie... Ce jour-là, elles avaient à peine la force de tenir une conversation. Elle voulut pourtant leur redonner espoir en leur expliquant qu'elle avait entendu dire qu'elles quitteraient sans doute bientôt la prison pour être admises dans un véritable hôpital où elles seraient soignées avec de nouveaux traitements déjà expérimentés aux EtatsUnis et, paraît-il, très efficaces contre le sida. Mais cette nouvelle ne réconforta pas vraiment les deux femmes. — Ma copine et moi nous savons bien que nous sommes fichues, dit Irma. Même si on trouvait un remède miracle contre cette sale maladie, nous sommes de toute façon atteintes d'une manière irréversible. Il nous resterait trop de séquelles. Alors, perdues pour perdues, nous aimerions autant rester ici, où les sœurs et vous-même êtes si bonnes et si réconfortantes avec nous. — Auriez-vous l'une ou l'autre, demanda la visiteuse, un message que vous souhaiteriez transmettre à quelqu'un et dont je pourrais me charger ? — Nous ? Un message ? Et à qui ? demanda Aline. Il y a belle lurette que nos familles nous ont reniées. Et dans notre ancien métier, on ne se faisait pas beaucoup d'amies... Il n'y a que nos hommes qui s'intéressaient à nous. Mais celui d'Irma a été descendu par les flics et le mien a récolté «perpète». Il est à Clairvaux, c'est tout dire ! Il n'y a pas grand-chose à espérer de ce côté-là... — Je suis désolée pour vous. — Un peu plus, un peu moins, vous savez, c'est pareil, madame Claire. Le sida est là pour tout arranger... Et vous pouvez être certaine qu'il s'en chargera. — Etes-vous contentes de votre nouveau médecin ? demanda sœur Dorothée, qui avait jusque-là assisté à la conversation sans dire un mot. — Le docteur Durand ? Oui, ça va, il est chouette, commenta Irma. — Et beau gosse avec ça ! ajouta Aline. Il est plus agréable à voir que l'autre ! — Le docteur Hermet était un excellent médecin, rectifia sœur Dorothée. Il a fait de son mieux pour adoucir votre état. — C'est possible, ma mère, mais il était trop vieux ! Vous savez, il ne nous reste plus beaucoup de temps à vivre, alors autant profiter du décor ! C'est dommage que dans notre état on n'ait plus beaucoup de sex-appeal, Irma et moi, sans quoi ce toubib, avec sa jolie petite gueule, il serait passé à la casserole, c'est moi qui vous le dis ! — Aline ! gronda la mère supérieure. Voulez-vous être sérieuse ! — Ne croyez-vous pas, ma mère, qu'il est trop tard pour que nous songions à être sérieuses ? La religieuse ne voulut pas répondre. Elle préféra s'absorber dans la vérification des feuilles de température des deux malades. Quand elle eut terminé, elle dit : A suivre