Résumé de la 51e partie - C'est à Makogai que l'on trouve de gosses quantités de cette plante qui guérit la lèpre... Les Indes, fournisseur ordinaire, sont loin. Tandis qu'à Makogai, on a réussi à acclimater l'hydnocarpus : actuellement, la petite île est probablement la seule à faire face à la totalité de ses besoins. Je vous y verrais très bien séjourner pendant quelques années. Mais il est deux heures, je viens d'entendre sonner à la porte ; mes consultations vont reprendre. Je vais rédiger le mot que vous porterez à la Mère Dorothée. Quand ils furent passés dans le cabinet de consultations, et pendant que le Dr Petit écrivait, Chantal demanda : — Comment expliquer ce long voyage à Jacques ? — Dites-lui tout simplement la vérité. — Jamais ! Pour que je lui fasse horreur, lui qui a été épris de moi pendant quatre années ! Jacques, ni personne ne doit savoir la véritable cause de mon départ. Laissez-moi réfléchir une nuit : demain, j'aurai trouvé. — J'explique succinctement à la Mère Dorothée votre cas exceptionnel, lui dit le docteur en lui remettant la lettre. Bien entendu, je ne lui souffle pas un mot de votre situation personnelle, puisque vous y tenez. Tenez-moi au courant de votre conversation avec elle. — Au revoir, docteur, vous êtes un ami comme on en trouve peu. Tandis qu'elle franchissait la porte donnant sur le palier, le Dr Petit lui glissa doucement dans l'oreille : — Un petit détail que j'allais oublier .... Appelez sœur Dorothée «Ma Mère»... Oui, c'est une habitude... Et puis vous lui ferez plaisir ! Elle regarda le docteur avec de grands yeux étonnés et s'en alla, pensive. Elle avait appris beaucoup de choses pendant ces dernières vingt-quatre heures. La supérieure des Sœurs Missionnaires de Marie la reçut dans un parloir aux murs blanchis, dont le seul ornement était un Christ en ivoire, accroché entre les deux fenêtres ; le mobilier se composait d'une table en bois blanc et de trois chaises de paille. Le parquet ciré reluisait, comme dans toute communauté de religieuses qui se respecte. Chantal, qui n'avait jamais pénétré dans un couvent, avait éprouvé, dès l'entrée, une sensation de malaise à la vue du visage de la sœur tourière apparu derrière les grilles d'un judas pratiqué dans la porte. Le judas s'était ouvert prudemment, la porte avait suivi, laissant juste le passage nécessaire à Chantal, qui avait traversé un long couloir, où elle avait croisé des religieuses, aux yeux pudiquement baissés, marchant à pas feutrés en longeant les murs. Cette atmosphère de couvent lui rappelait celle de l'Assistance publique ou même certains aspects de l'hôpital Saint-Louis, qu'elle venait de découvrir le matin. (A suivre...)