Résumé de la 52e partie - Chantal est reçue par la supérieure des Sœurs missionnaires de Marie... La sœur Dorothée avait une figure ridée et de petits yeux perçants embusqués derrière des lunettes ; des yeux qui restaient, eux aussi, la plupart du temps, baissés vers la poussière de la terre et se relevaient parfois pour jeter des éclairs d'intelligence mêlée à des lueurs de bonté ; une impression de force et d'énergie se dégageait de sa personne dès le premier contact avec elle. Sœur Dorothée offrait un mélange de douairière indulgente régnant sur une immense famille dispersée dans le monde et de conductrice d'âmes capable d'élever les cœurs les plus flétris vers les cimes. Chantal était impressionnée. La Mère Dorothée venait de lire la lettre du Dr Petit et regardait la jeune femme avec une complète sérénité. — Madame commença-t-elle d'une voix rude où certaines intonations étaient cependant douces, je suis heureuse de constater que vous restez calme et résignée devant le malheur qui vous accable. Vous êtes belle et j'aime assez m'imaginer que votre beauté morale reste en harmonie avec votre beauté physique ? Chantal baissait les yeux à son tour, intimidée par ce regard aigu, qui paraissait scruter le fond de son âme et mettre à nu ses sentiments les plus intimes. — Le voyage que vous allez entreprendre, poursuivit la Sœur Supérieure, sera long : un mois au bout duquel vous trouverez l'isolement et la paix nécessaires à votre guérison. Je regrette presque d'avoir laissé partir, voici trois mois, la sœur Marie-Ange pour Makogaï. Marie-Ange est la plus jeune des filles de notre Congrégation ; elle nous a quittées deux jours après avoir prononcé ses Grands Vœux. Si je m'étais doutée un seul instant de votre venue ici, j'aurais fait attendre sœur Marie-Ange qui aurait été pour vous une compagne idéale de voyage. Elle aussi est très jolie. — Atteinte comme moi ? demanda Chantal. — Non. Vous allez là-bas pour vous faire soigner. Marie-Ange est partie pour soigner les autres. J'ai beaucoup hésité avant de l'autoriser à prononcer ses vœux sa santé est délicate, ses bronches sont fragiles... Elle a été élevée, comme vous avez dû l'être, dans le plus grand luxe. Ses parents ont une très belle propriété en Touraine. Ils ont tout fait pour l'empêcher de partir elle était leur fille unique. Ils possèdent une énorme fortune... Marie-Ange a été assaillie de demandes en mariage. Mais Dieu en avait décidé autrement. Il lui fallait cette fiancée de choix elle était trop éprise d'idéal pour appartenir à un homme. Notre-Seigneur recrute ses servantes un peu, dans tous les milieux : c'est précisément parce qu'il avait tout donné à cette jeune fille, un nom - elle est la fille du marquis de Furière - la fortune, l'intelligence, le charme, la beauté, qu'il a voulu l'éprouver en lui reprenant tout. (A suivre...)