Trois jours avant la réunion, à New York, de la convention du Parti républicain, trois salles de la ville ont été parmi les premières des Etats-Unis à programmer un film intitulé Bush's Brain (Le Cerveau de Bush), calqué sur celui d'un livre paru il y a un an. Les auteurs de cet ouvrage, James Moore et Wayne Slater, connaissent bien leur sujet. En particulier Slater, qui dirige le bureau du Dallas Morning News à Austin, capitale du Texas, l'Etat où tout a commencé, à la fin des années 1970, pour Rove et son poulain. La thèse de Bush's Brain est simple : Karl Rove est le «coprésident» des Etats-Unis. Avec lui, la stratégie électorale est aux commandes de la plus grande puissance de la planète. Politique commerciale, fiscalité, politique sociale, environnement, éducation et, par-dessus tout, politique étrangère et guerre sont dictés par un impératif qui domine tous les autres : gagner l'élection suivante, c'est-à-dire remplir les coffres de la prochaine campagne, plaire aux fermiers de l'Iowa et aux sidérurgistes de Pennsylvanie, attirer aux urnes les baptistes du Sud et les émigrés cubains de Floride. «Karl Rove a une influence sur la politique et l'action publique que les Américains n'ont jamais connue auparavant et qu'ils ont du mal à admettre», écrivent Moore et Slater.