Réalité ■ Rares sont les automobilistes qui répondent positivement aux sollicitations urgentes d'autres conducteurs ou piétons. Aller vite, doubler de toutes parts, ne pas céder l'espace à un autre automobiliste pressé, crier sa colère au moindre obstacle... Une grande partie des conducteurs algériens n'accordent aucun respect aux autres usagers de la route et encore moins à la réglementation en vigueur. Pourtant, la conduite doit être accomplie avec élégance et politesse. Le 24 mars de chaque année coïncide avec la célébration, à travers plusieurs pays de la planète, de la Journée mondiale de la courtoisie au volant. Sauf dans notre pays, où aucune festivité n'est organisée à cette occasion, en dépit de l'importance majeure que revêt l'observation d'une «halte» pour sensibiliser les conducteurs à adopter l'attitude exemplaire. Rares, en effet, sont les citoyens qui sont au courant de l'existence de cette journée mondiale. Et ils ne sont pas, bien évidemment, à incriminer, puisque les parties, notamment les associations de la société civile et les médias devant les informer brillent par leur absence. «Nous avons tellement de choses à faire et nous ne pouvons, par conséquent, passer notre temps à répertorier les festivités mondiales», répondent, à l'unanimité, plusieurs conducteurs interrogés sur le sujet. «La question de la courtoisie au volant est d'une extrême importance, mais il faut qu'elle soit présente de façon permanente dans nos esprits», reconnaissent, tout de même, nos interlocuteurs. Tout le monde avoue que le respect des autres usagers de la route et des piétons est une règle de bonne conduite qu'il faudrait absolument adopter. Le comportement de ces gens-là s'avère totalement opposé à cette opinion, une fois qu'ils prennent les commandes d'un véhicule. On oublie vite cette vertu morale et on s'adonne à des gestes dignes d'une époque révolue. «Il y a à peine une semaine, j'emmenais mon épouse, qui était sur le point d'accoucher, vers l'hôpital de Beni Messous. Au niveau du grand rond-point de Aïn Allah (Dély Ibrahim), je suppliais des conducteurs de me céder le passage, tout en allumant les feux de détresse, mais personne ne se souciait de ma situation. J'ai alors commencé à klaxonner et à crier fort, jusqu'à ce que j'aie pu me frayer un chemin», témoigne Rabah, la cinquantaine. «Cette attitude est vraiment décevante ! Quand un conducteur allume les feux de détresse, ça veut dire qu'il est dans l'urgence et les autres doivent lui céder passage. Tout le monde connaît cette règle, mais presque personne ne l'applique réellement. C'est désolant que notre société arrive à cette situation d'incivisme et d'irrespect !», poursuit-il. Ce qui est encore plus grave est cette réaction «sauvage» de certains automobilistes lorsqu'ils sont sollicités pour céder le passage. Ils ne se contentent pas d'ignorer la «prière», mais ils lancent insultes, vociférations et obscénités vis-à-vis de personnes souvent en besoin d'aide. Les embouteillages et les pressions de la vie quotidienne provoquent l'excès de nervosité chez les automobilistes. Cela justifie-t-il, pour autant, ces comportements indécents qui sont devenus quasiment une «constante» sur nos routes ?