Résumé de la 68e partie -La directrice donne plus de détails à la visiteuse sur le suicide d'Eliane et la prie d'assister aux obsèques... C'est vrai, madame la directrice. — Madame Tiron et madame Lecocq m'ont laissé entendre que cette détenue ne frayait guère avec nos autres pensionnaires, et qu'elle était d'un tempérament plutôt dépressif. Est-ce aussi votre opinion ? — Oui, d'une certaine manière. Mais la dernière fois que je l'ai vue, elle m'a cependant paru aller beaucoup mieux. Elle faisait même des projets d'avenir. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer. Elle n'a parlé à personne avant d'accomplir son geste ? Ou laissé un quelconque mot écrit ? — Nous avons trouvé ceci, près de son lit, dit l'assistante sociale en tendant à la visiteuse une feuille de papier à lettres. C'est assez incompréhensible. Lisez vous-même. C'est bien son écriture ? — Oui, il me semble, répondit Claire. Le message était très court. Il disait ceci : «J'ai cru retrouver, il y a quelques jours, une raison d'espérer en un sort meilleur. Mais je me suis trompée : quelqu'un d'autre m'a devancée. Je n'ai donc plus qu'à disparaître car je ne veux plus continuer à végéter dans cet enfer-carcéral. Je m'en vais sans regrets. Eliane.» Après avoir lu, la visiteuse rendit la lettre à l'assistante sociale, qui lui demanda : — De quoi a-t-elle voulu parler ? Et de qui ? Qui l'a devancée ? Et pourquoi ? Ne pourriez-vous nous aider à éclaircir ce mystère, madame Claire ? Quand vous l'avez vue pour la dernière fois, elle ne vous a pas fait de confidence particulière ? — Aucune. — Alors elle emportera son secret dans sa tombe, conclut la directrice. Mais c'est tout de même étrange. Croyez-vous que nous devions communiquer cette lettre à sa mère ? — Serait-ce bien indiqué ? Dans la mesure où elle ne parle même pas d'elle, ni de sa sœur, d'ailleurs, dans son mot d'adieu... — Vous avez raison. Je vais la rendre à l'officier de police qui est chargé de l'enquête. Oui, c'est une obligation : à chaque fois qu'il y a un suicide, il doit y avoir autopsie et enquête. C'est compréhensible, du reste. Au revoir, madame Claire. — Puis-je aller me recueillir devant le corps ? Je ne pense pas qu'on l'ait laissé dans la cellule ? — En effet. Le cercueil a été refermé hier après-midi en ma présence, ainsi que celle de l'officier de police, et il est depuis lors dans la chapelle. Il est veillé par les sœurs de l'infirmerie et toutes les personnes qui le désirent. C'est d'ailleurs très curieux : on m'avait dit que cette détenue avait été surnommée la Baronne un peu par mépris de la part des autres prisonnières. Eh bien, vous n'avez pas idée du nombre de celles qui sont déjà venues se recueillir dans la chapelle. — La mort réconcilie tout le monde, madame la directrice. Je vais moi aussi de ce pas à la chapelle. A suivre