Résumé de la 45e partie ■ En se rendant à la prison, d'un pas exalté la visiteuse n'a pas arrêté de penser à sa soirée de la veille et à tous les évènements vécus dernièrement ... Cela ne serait pas trop difficile: l'une des joies les plus secrètes des nouveaux amants n'est-elle pas de dissimuler une intimité naissante à leur entourage? Les autres jours, Claire viendrait rejoindre Jacques chez lui car il n'était pas question - à cause des commérages - qu'il revienne à la maison de retraite. Lorsqu'elle se présenta devant Sosthène, celui-ci constata : — Vous êtes bien radieuse, aujourd'hui, madame Claire ! Allez vite faire profiter nos pensionnaires de votre gaieté... Elles en ont bien besoin ! — Et vous-même, mon bon Sosthène ? Comment allez-vous ? Que pensez-vous de la nouvelle directrice ? — J'ai peur qu'on ne regrette déjà l'ancienne! Sur ces entrefaites, Marthe Bouvier, l'adjointe de Fernande Lecocq, apparut et dit à la visiteuse : — Bonjour, madame Claire. Je venais vous chercher. Je suis chargée de vous conduire dans le bureau de l'assistante sociale où vous attend madame Andin, notre nouvelle directrice. Elle souhaite faire votre connaissance. — Comment est-elle ? — Vous verrez bien ! bougonna la surveillante. «Décidément, pensa la visiteuse en emboîtant le pas à Marthe Bouvier, la nouvelle patronne ne donne pas l'impression de susciter une immense sympathie !» Dans le bureau, la directrice occupait le siège d'Hélène Tiron, qui se tenait respectueusement debout derrière elle. L'accueil fut glacial et le ton presque désagréable. — C'est vous, la visiteuse ? C'est moi, madame. Depuis cinq ans... — Vous êtes donc bien placée pour connaître les détenues sous un jour différent de celui réservé au personnel de la prison ? — C'est possible, madame. — Aviez-vous parlé avec la détenue qui s'est échappée ? — Pas plus qu'avec les autres ! Mon rôle est de m'intéresser à toutes, sans aucune discrimination. — Je sais. Mais peut-être avez-vous pu vous faire une opinion personnelle sur cette Irlandaise ? — La même, j'imagine, que celle de l'assistante sociale, ici présente. Maureen était une très belle fille, pleine de vie, et plutôt sympathique. — Elle ne vous a jamais soufflé mot de son projet d'évasion ? — Jamais ! Et d'abord, pourquoi l'aurait-elle fait ? Je ne pense pas que ce soit le genre de projet qu'on dévoile à qui que ce soit ! — Que pensez-vous de la mentalité générale de nos pensionnaires ? — C'est assez difficile de répondre, madame. Elles sont toutes tellement différentes... — Comprenons-nous... Avez-vous le sentiment qu'elles sont, dans l'ensemble, satisfaites du traitement qui leur est imposé ici ou, au contraire, plutôt disposées à le contester ? A suivre