Manifestations ■ La petite ville de Ferguson a connu, hier soir, une deuxième nuit agitée, tandis que de nombreuses manifestations de protestation se sont déroulées à travers les Etats-Unis. De New York à Los Angeles, des milliers de personnes ont manifesté dans la soirée de lundi à mardi pour la deuxième soirée consécutive aux Etats-Unis. Au lendemain d'une première nuit d'émeute, dans cette petite banlieue de St Louis qui compte 21 000 habitants, 2 200 militaires de la Garde nationale, soit trois fois plus que lundi, étaient déployés pour empêcher incendies et pillages de recommencer. Devant la station de police, des policiers en tenue anti-émeute, secondés par des gardes nationaux équipés de matraques et de boucliers, ont repoussé une centaine de personnes qui tenaient des pancartes où on lisait : «On ne nous fera pas taire.» La foule s'est repliée vers l'Hôtel de Ville où une voiture de patrouille a été incendiée et où des policiers ont lancé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. A St Louis, une voiture de police a également été incendiée par des manifestants et les autorités ont déclaré le rassemblement «illégal», menaçant d'arrêter protestataires et journalistes. «Je suis ici dehors pour soutenir Michael Brown et sa famille et pour voir la justice être rendue !», a lancé Michael Jackson, 48 ans, un habitant des environs de Ferguson (Missouri, centre des Etats-Unis). A New York, plusieurs manifestants ont été interpellés durant la soirée. Deux personnes avaient déjà été arrêtées la veille. Des centaines de manifestants sont également descendus dans les rues de Boston, Philadephie (est) ou Nashville (sud). CNN dénombrait des rassemblements dans 170 villes américaines. La plupart ont été pacifiques, mais certains se sont traduits par le blocage d'autoroutes comme à Los Angeles ou Oakland sur la côte Ouest. La police a eu parfois recours aux gaz lacrymogènes contre les manifestants, comme à Denver ou Portland. Beaucoup se sont allongés par terre, pratique du «die-in», pour bloquer des carrefours, notamment à Los Angeles, où l'affaire Michael Brown fait écho à celle de Rodney King, dont le passage à tabac par quatre policiers acquittés avait déclenché des émeutes en 1992. Rappelons qu'après trois mois de délibérations, un grand jury a conclu lundi que le policier Darren Wilson avait fait acte de légitime défense en tirant douze coups en direction du jeune Afro-Américain âgé de 18 ans, Michael Brown, le 9 août dernier qui l'avait d'abord frappé au visage avant de prendre la fuite.