Résumé de la 72e partie ■ Les prières Le Notre Père et L'Ave Maria retentirent dans la petite chapelle, ce fut très émouvant. Un enterrement, sœur Amélie, n'est jamais une partie de plaisir. Mais c'était le premier auquel j'assistais dans le cadre de la prison. — Il n'y avait donc eu aucun décès, en cinq ans ? — Non, même pas parmi les malades soignées à l'infirmerie. — Et la morte, vous la connaissiez bien ? Vous savez pourquoi elle a fait ça ? — Non, sœur Amélie, je l'ignore. En réalité, la visiteuse ne le savait que trop bien, mais à quoi bon donner des explications à la religieuse, qui, de toute façon, n'aurait rien compris à un chagrin d'amour... Alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre sa chambre, sœur Amélie s'exclama : — Oh ! que Dieu me pardonne, madame Claire ! Je suis tellement retournée que j'allais oublier de vous donner quelque chose. Vous avez encore reçu une lettre qui a l'air de venir de très loin, comme celle d'il y a quelques semaines. Je vais vous la chercher, elle est dans ma loge. Quand elle fut dans sa chambre, Claire n'eut qu'à jeter un regard sur l'enveloppe pour reconnaître l'écriture de Maureen, l'Irlandaise. Cette fois, le message était sensiblementplus long que le premier : Chère madame Claire, Pardonnez-moi de ne toujours pas vous donner notre adresse. Nous avons évidemment toute confiance en vous, mais si jamais ce courrier, pour une raison ou une autre, tombait sous le regard d'un tiers, nous ne voudrions pas donner de piste à ceux qui nous recherchent. Avant tout, nous espérons que vous êtes toujours en bonne santé, et que vous continuez à réconforter les détenues. En ce qui nous concerne, nous allons aussi bien que possible, mon père et moi. Nous avons recommencé à travailler et nous nous déplaçons de pays en pays, en évitant toutefois, vous vous en doutez, de venir en Europe. Nous avons monté un numéro de marionnettes très original qui a beaucoup de succès. Quand nous aurons économisé assez d'argent, nous achèterons un bungalow dans un îlot ensoleillé du Pacifique. Nous continuerons de vous écrire pour vous donner de nos nouvelles. En attendant, mon père se joint à moi pour vous embrasser très fort. Des marionnettes ! N'étions-nous pas, tous, des poupées de chiffon qu'agitait à sa guise le destin? Claire en était persuadée. La sinistre aventure qu'elle venait de vivre, ces dernières semaines, ne le prouvait-elle pas ? Tout à l'heure, lorsque le fourgon mortuaire avait quitté la prison, alors que toutes celles qui avaient assisté à l'office formaient une sorte de haie d'honneur jusqu'à la porte de la Centrale, Claire s'était retrouvée à côté de l'assistante sociale. Elle en avait profité pour lui demander, de l'air le plus détaché possible : — Vous ne savez pas pourquoi le docteur Durand n'est pas venu ? A suivre