Résumé de la 44e partie ■ Après avoir passé toute la soirée avec le Dr Durand Claire rentra au petit matin et sombra dans un profond sommeil... Quand elle rouvrit les yeux, son premier geste fut de consulter sa montre. Il était midi passé. « Mon Dieu!» s'exclama-t-elle en réalisant qu'on était mercredi, jour de visite; et que dans moins d'une heure elle devrait être à la prison. Elle se leva sur-le-champ, et commença de se préparer. Mais ses gestes étaient purement mécaniques, commandés par une pratique vieille de cinq ans. Son esprit était confus. Tant de choses s'étaient passées la nuit précédente qu'elle avait le plus grand mal à remettre de l'ordre dans ses idées. Moins d'une demi-heure plus tard, elle repassa devant la loge de sœur Amélie. Mais, contrairement à son premier passage, tôt le matin, elle ne portait plus la moindre trace de maquillage, elle avait rendossé ses habituelles tenues sombres et strictes réservées à la prison et ses cheveux avaient retrouvé la forme du chignon. Cette fois, elle préféra s'arrêter pour dire un mot à la sœur portière qui ne put s'empêcher de lui demander : — Comment vont les roses, madame Claire ? — Elles sont resplendissantes ! — Si vous voulez, j'irai changer leur eau pendant que vous serez à la prison. A ce soir. — A ce soir, sœur Amélie. Merci. Le trajet entre la maison de retraite et la prison parut encore plus court que d'habitude à la visiteuse. Elle marchait d'un pas exalté en repensant à sa soirée de la veille et à tous les événements qu'elle avait vécus en si peu de temps. Le restaurant dans lequel ils avaient dîné servait effectivement une excellente cuisine. Les deux convives en avaient d'autant mieux profité qu'ils étaient bien décidés à jouir pleinement de la vie. Pendant le repas, ils s'étaient posé l'un à l'autre mille questions, en prenant garde toutefois de ne pas trop chercher à fouiller dans leurs passés respectifs. Ce qui avait pu leur arriver avant leur rencontre ne comptait qu'à peine. Seul importait .le moment qu'ils passaient ensemble et toutes ces heures qu'ils se promettaient déjà de partager à deux. Après dîner, elle l'avait suivi dans son petit appartement - deux pièces qu'il avait lui-même aménagées à côté de son cabinet de consultation. Et ils étaient devenus amants. Elle avait trouvé en lui l'homme fort et jeune qu'elle pourrait cependant soumettre à l'autorité de son âge. Et lui, il avait trouvé la femme capable de le dominer comme l'avait dominé sa mère autrefois. Ils s'étaient quittés au petit matin parfaitement heureux. Ils s'étaient juré de se voir désormais chaque jour. Les lundis, mercredis et vendredis, jours de visite, ils se retrouveraient sur le lieu même de leur première rencontre : l'infirmerie de la prison. Pour ne pas trop éveiller la curiosité de sœur Dorothée, ils continueraient cependant de se vouvoyer. A suivre