Résumé de la 73e partie ■ En rentrant chez elle après l'enterrement, Claire trouva une lettre de Mauree. Comment, vous n'êtes pas au courant ? Il a informé hier la directrice qu'il quittait la ville et renonçait par conséquent à toutes ses activités ici. C'est le docteur Bruneau, que vous avez vu tout à l'heure, qui reprend son cabinet et les visites à la prison. — Comment a-t-il pu partir aussi rapidement ? — C'est très facile. Le docteur Bruneau le remplaçait déjà depuis trois semaines ; il connaissait donc toute sa clientèle. — Et quelle raison le docteur Durand a-t-il invoquée pour justifier un départ aussi précipité ? — Des raisons strictement personnelles. Je n'en sais pas plus et je ne pense pas non plus que la directrice en sache davantage que moi sur ce sujet. — A-t-il dit, au moins, où il allait ? — Non, pas exactement. Mais je crois qu'il reprend un cabinet, dans une autre ville, assez loin d'ici. Claire n'avait plus posé d'autres questions. C'était inutile. Jacques, avec une promptitude stupéfiante, avait tourné une page de sa vie. C'était à se demander s'il l'avait vraiment aimée,pour la quitter aussi vite après avoir appris une partie de son passé ! N'était-ce pas la preuve qu'elle s'était laissé manipuler comme une de ces marionnettes qu'exhibaient maintenant Tim-Tom et sa fille ? Et n'y avait-il pas que des marionnettes autour d'elle ? L'ancienne directrice, par exemple, madame Mauval, qui avait été remerciée en une semaine, pour être remplacée par cette autre marionnette, madame Andin, entre les mains de qui l'assistante sociale n'était qu'une pauvremarionnette... Des marionnettes ! Partout ! Il n'y avait que cela... Sauf peut-être l'aumônier. Lui ne se laissait gouverner que par sa foi. Et Dieu ne pouvait traiter les hommes comme des marionnettes. Ce serait au père Gourny, à ce directeur d'âmes, que la visiteuse irait dès demain s'adresser. Après avoir pendant cinq ans prodigué conseils et réconfort, c'était maintenant à son tour d'avoir besoin d'une aide morale. Depuis le suicide d'Eliane et le départ de Jacques, elle ne savait plus très bien où elle en était. Devait-elle fuir la prison et la ville, pour oublier ces pénibles semaines ? Ou continuer à se dévouer pour les détenues, comme avant ? Mais surtout, elle pressentait qu'elle ne retrouverait jamais la paix de sa conscience si elle ne se décidait pas enfin à confier à quelqu'un ce qu'elle n'avait encore jamais osé avouer à personne, à savoir que la digne visiteuse de prison avait, elle aussi, un jour,commis le plus abominable des crimes : le meurtre. Le lendemain matin, à dix heures, Claire se trouvait de nouveau dans la petite chapelle de la prison. Ce n'était ni le jour ni l'heure de ses visites, mais elle avait obtenu de pouvoir entrer dans la Centrale, car, avait-elle expliqué, elle souhaitait entendre la seconde messe que donnerait le père Gourny à la mémoire de la défunte Eliane. A suivre