Résumé de la 46e partie ■ Arrivée à la prison Mme Claire fut présentée à la nouvelle directrice qu'elle trouva peu sympathique... Quand bien même elles voudraient contester, vous devez savoir mieux que moi, madame, que les révoltes sont extrêmement rares dans les prisons de femmes. — Et vous-même ? Vous plaisez-vous parmi nous ? — Si je suis ici, c'est de mon plein gré. Donc, si je ne m'y plaisais plus, je serais déjà partie... — On m'a dit que vous remplissiez très bien votre tâche. Tout le monde semble vous apprécier, entre ces murs. Nous nous reverrons. Au revoir, madame la visiteuse. — Voilà déjà cinq ans que l'on m'appelle ici madame Claire ; j'aimerais, si c'était possible, madame la directrice, que vous en fassiez autant. - Soit. Rallions-nous à l'usage. Même s'il est un peu familier à mon goût. A bientôt, madame Claire. — Au revoir, madame la directrice. En quittant le bureau, la visiteuse pensa que Sosthène avait mille fois raison : madame Mauval, la précédente directrice, était beaucoup plus sympathique. Celle-ci incarnait le règlement pénitentiaire jusqu'à la caricature. Et l'entretien de présentation avait plutôt ressemblé à un interrogatoire en bonne et due forme! Mais il en fallait bien plus, ce jour-là, pour chagriner la visiteuse. Elle n'avait qu'une pensée en tête : compter les heures qui la séparaient du moment où elle monterait à l'infirmerie retrouver Jacques. Ses visites de l'après-midi lui apparaissaient pour la première fois sous un jour nouveau : il ne s'agissait plus d'une action charitable à remplir, mais d'une façon agréable de meubler le temps en attendant de retrouver l'homme qu'elle aimait... Alors qu'elle s'apprêtait à gravir l'escalier qui menait aux étages des cellules, la visiteuse tomba nez à nez avec l'équipe de nettoyage, composée de Monna, la Camerounaise, et d'Agnès, la blonde, qu'elle avait déjà rencontrées l'avant-veille à la bibliothèque. Les deux femmes étaient pour le moins contrastées : la Noire, grande et solidement charpentée; la blonde, petite et plutôt frêle. Mais elles étaient inséparables, à tel point que les autres détenues et même les surveillantes les appelaient «le couple». Que ce soit à la bibliothèque; au réfectoire, dans la cour où s'effectuaient les promenades ou lors des corvées, la visiteuse les avait toujours vues ensemble. Il n'y avait qu'au moment de réintégrer leurs cellules respectives qu'elles devaient se séparer. A contrecœur. Du moins, chacune avait accroché sur ses murs les photos de l'autre. La première fois qu'elle avait pénétré dans leurs cellules, la visiteuse s'en était étonnée. A suivre