Le père des punaises est tombé dans le chaudron. Et s?est noyé dans le bouillon. La puce (1), jusqu?à en perdre la vue, le pleura, Puis, désespérée, contre le mur s?effondra ! Le serpent qui prenait le frais, A l?ombre du mur, lui demanda intrigué : «Puce, pourquoi pleures-tu ?» L?insecte sanglota plus fort : «Ne sais-tu pas ? Le père des punaises est mort ! Il a chuté dans le vieux chaudron et s?est noyé dans le bouillon. Depuis, je le pleure à en perdre la vue !» Emu, le serpent s?ecria : «En signe de deuil, je vais, de ma peau, me dépouiller !» C?est ainsi que le reptile, dénudé, alla ensuite s?enrouler Autour du tronc d?un jeune olivier(2). L?arbre, surpris, lui demanda : «Il fait encore froid, pourquoi déjà muer ?» Et le serpent de répondre : «Ne sais-tu pas ? Le père des punaises a chuté Dans le vieux chaudron et s?est noyé dans le bouillon ! La puce, jusqu?à en perdre la vue, l?a pleuré ; Puis est venue, désespérée sur le mur, s?effondrer. Et moi, de ma peau je me suis dépouillé» ; «Alors, bruissait l?arbre, de mes premières olives, Je vais, tout de suite, me délester !». C?est ainsi que l?olivier laissa choir tous ses fruits. Une olive, toute verte encore, tomba avec bruit dans l?eau de la fontaine qui sursauta : «Arbre, pourquoi cette pluie d?olives précoces ?» L?arbre soupira : «Ne sais-tu pas ? Le père des punaises est tombé Dans le vieux chaudron, et s?est noyé dans le bouillon ! La puce, jusqu?à en perdre la vue, l?a pleuré. Puis est venue, désespérée, sur le mur s?effondrer. Le serpent, de sa vieille peau, s?est dépouillé, Et moi, l?olivier, mes fruits j?ai laissé tomber.» «Alors, marmonna la fontaine, mon eau je vais aspirer.» C?est ainsi que la fontaine s?assécha. Sur ce, la servante arriva près du bassin. «Pourquoi n?y a-t-il plus d?eau ?» demanda-t-elle. La fontaine lui chuchota : «Ne sais-tu pas ? Le père des punaises a chuté Dans le vieux chaudron et s?est noyé dans le bouillon ! La puce, jusqu?à en perdre la vue, l?a pleuré; Puis est venue, désespérée, sur le mur s?effondrer, Le serpent de sa vieille peau s?est dépouillé, L?olivier de ses fruits s?est délesté, Et moi, mon eau j?ai asséché.» La servante, de dépit, déchira guerba(3) Et s?en retourna à la maison. Sa maîtresse sur le seuil l?interpella : «Pourquoi n?as-tu pas rempli ton outre, ce matin ?» Toute chagrine, la servante pleurnicha : «Ne sais-tu pas ? Le père des punaises a chuté Dans le vieux chaudron et s?est noyé dans le bouillon ! La puce, jusqu?à en perdre la vue, l?a pleuré ; Puis est venue, désespérée, sur le mur s?effondrer. Le serpent de sa vieille peau s?est dépouillé. L?olivier de ses fruits s?est délesté. La fontaine est asséchée. Et moi, mon outre j?ai déchiré.» (à suivre...) ? (1) Symbolise un être faible ? (2) C?est un arbre très respecté en Algérie. Il est le symbole de la paix, de la fertilité et même de la richesse pour le pauvre. Ne dit-on pas : «Plante un olivier cette année, fais-le «boire» l?année prochaine, il te donnera à manger l?année suivante.» ? (3) Guerba : outre enduite d?huile de cade noircie pour donner du goût à l?eau qu?elle contient.