Résumé de la 77e partie ■ Quand l'abbé Plançon vit Claire lever ses yeux vers lui pendant la messe, il réalisa qu'elle avait un regard de pécheresse. «Jamais plus! se dit-elle. Plutôt crever que de continuer ce métier! » Et à peine sortie de la douche, elle jeta pêle-mêle dans une valise ses quelques effets et alla extraire de leur cachette ses maigres économies : dix mille francs. C'était bien peu après dix-huit années passées au service du plaisir des autres... Elle était venue au trottoir de la façon la plus banale et la plus stupide. S'étant retrouvée, alors qu'elle n'avait que vingt et un ans, sans ressources au lendemain de la mort de son mari, elle avait dû se chercher une situation. Malheureusement, elle ne possédait que son bac, obtenu dans un pensionnat de bonnes sœurs, ce qui ne suffisait pas, elle s'en rendit vite compte, à vous ouvrir les portes du monde professionnel. Elle se retrouva donc complètement démunie, n'ayant plus pour elle que son jeune âge et sa beauté. Ce qui l'amena à penser qu'elle pourrait peut-être tirer parti de ses avantages physiques. Au début, elle avait essayé de «travailler» seule, sans protecteur. Mais si cette liberté présentait bien des avantages, Claire ne fut pas longue à découvrir le revers de la médaille. Ses démêlés avec la police des mœurs et le milieu allèrent en s'aggravant sans cesse. Jusqu'au soir où, dans un bar, elle rencontra le «beau Fernand», un bel homme, en effet, aux cheveux blonds et aux yeux bleus, qui n'avait que quelques années de plus qu'elle. Avant ce soir-là, Claire s'était toujours moquée des filles qui trouvaient du plaisir, du moins le prétendaient-elles haut et fort, à «travailler» pour un homme. Qu'elles préfèrent la sécurité, cela Claire pouvait le comprendre, mais qu'elles se vautrent dans la soumission, voilà qui dépassait son entendement. Ce fut pourtant ce à quoi elle se livra, dès que Fernand fut entré dans sa vie. En bon «professionnel», il avait tout de suite vu le profit qu'il pourrait tirer d'une beauté brune aussi racée. Claire ne faisait pas du tout «fille» ; elle n'avait pas la vulgarité de comportement de la plupart de ses collègues et pouvait donc en imposer à la clientèle chic. Mais il fallait d'abord la dresser... comme une pouliche de qualité : d'une main légère. Claire eut droit, de la part de Fernand, à un traitement de faveur. Il sut la flatter, la cajoler et surtout lui faire l'amour comme s'il l'avait véritablement aimée. Ebranlées par ces manœuvres habiles, les défenses de Claire tombèrent les unes après les autres. De fille rusée et indépendante, elle devint la plus soumise et la plus obéissante prostituée de la ville. Fernand n'eut jamais à regretter ses efforts ni sa mise de fonds initiale. Claire rapportait gros. Très gros, même... Elle continuait cependant de cultiver sa différence en refusant de partager «son» homme. Au début, des disputes sans fin éclataient entre elle et les autres «protégées» du «beau Fernand». Finalement, pour avoir la paix, et aussi parce que Claire était d'un excellent revenu, il avait cédé : Claire était désormais la seule à travailler pour lui. A suivre