Résumé de la 86e partie ■ Une fois le prêtre rétabli, Claire n'avait rien voulu renier de sa résolution de partir. Et le prêtre n'avait rien fait pour la retenir... Sa nouvelle paroisse était un petit village à la terre pauvre - adieu la culture des roses... - et aux habitants aussi frustes que méfiants. La seule consolation de l'abbé Plançon, quand il avait cessé de rendre grâces à Dieu, consistait en un petit jardinet où il ne pouvait plus faire pousser que des légumes. Souvent, en se penchant sur la terre, il lui arrivait de penser à son petit paradis de Saint-Firmin, à ses massifs de roses et à cette «belle ténébreuse» qui s'était appelée Claire. De son ancienne servante il n'avait plus aucune nouvelle, lorsqu'un jour enfin, il avait reçu une lettre : Monsieur le curé, Je viens seulement d'apprendre que vous aviez été nommé à la paroisse du Rabion. Je vous demande pardon d'avoir été la cause involontaire de vos malheurs. Après mon départ de Saint-Firmin, je suis retournée dans ma petite maison de Saint-Jean. Ce n 'est pas très loin du Rabion. Si jamais il vous arrivait un jour de passer par là, venez me voir: j'ai une surprise pour vous... Votre Claire. Le prêtre avait longtemps hésité avant de se rendre à Saint-Jean, mais il restait tout de même une question pour laquelle il souhaitait une franche réponse de Claire. Quand il était arrivé devant la modeste maison dont elle avait hérité par sa grand-tante, il s'était arrêté, bouleversé : un jardin rempli de roses s'offrait à ses yeux émerveillés. — Mes roses ! s'était-il écrié en joignant les mains, comme pour prier. Vous avez réussi à les faire revivre ! Mais comment avez-vous pu ? — En partant de Saint-Firmin, j'avais pris dans mes affaires des boutures de vos principales variétés. Voilà. C'était la surprise dont je vous parlais dans ma lettre. Mais je suis déçue, elles ne sont pas tout à fait aussi belles que les vôtres. J'ai peur de ne pas savoir leur parler et les aimer aussi bien que vous ! II leur manque votre tendresse. C'est pour ça que je vous ai écrit. Peut-être aurez-vous maintenant envie de venir les soigner de temps en temps ? — Peut-être, en effet, Claire. Mais avant cela, j'ai besoin de connaître votre réponse à une question... à laquelle j'imagine que vous vous attendez. C'est bien vous, n'est-ce pas, qui avez tué le poissonnier ? Il avait prononcé ces mots avec le calme de celui qui a su surmonter ses sentiments. Et avec le même calme, simplement en baissant ses grands yeux noirs avant de parler, Claire avait répondu : — C'est moi. — Pourquoi ? Cet homme n'était rien pour vous ? — Absolument rien. Elle avait gardé le silence pendant un moment, avant de reprendre : — Il n'était rien de plus pour moi que tous ceux qui l'avaient précédé. Et, comme prise par la frénésie de tout avouer, elle avait raconté son histoire à l'abbé Plançon A suivre