Résumé de la 90e partie ■ Au cours de sa carrière, le prêtre avait entendu nombre de confessions, mais aucune ne ressemblait à celle-ci ! Cette liaison a duré longtemps ? — Pas assez à mon gré, je le confesse. C'est lui qui m'a quittée. — Vous le regrettez ? — J'ai beaucoup de chagrin. Qui n'en aurait pas, après avoir eu la chance de croiser sur son chemin un homme aussi exceptionnel ? L'abbé Plançon était lui-même un homme exceptionnel, et je l'ai profondément aimé, même s'il n'y a jamais rien eu de charnel entre nous. Mais celui-là, j'espérais refaire ma vie avec. Le malheur, c'est qu'Eliane avait la même idée et lorsqu'elle a compris que je l'avais devancée, elle s'est suicidée. Voilà pourquoi je me sens un peu responsable de sa mort. D'autant plus que c'est moi qui avais incité cet homme à aller la visiter dans sa cellule. — Mais quelle idée insensée ! A moins que vous n'ayez joué là un rôle méprisable! — Oh non, mon père! Si j'avais seulement pu prévoir les conséquences de cette visite, j'aurais tout fait pour l'empêcher ! Je vous assure avoir agi au départ en toute bonne foi. Mais, après, je l'avoue, quand j'ai réalisé qu'Eliane aimait le même homme que moi, j'ai cédé à la jalousie. Une jalousie mauvaise qui m'a dicté des actes bien peu charitables. De toutes les fautes que j'ai pu commettre dans ma vie, mon père, je crois que celle-ci est la plus grande. Et elle ne mérite aucune absolution... De nouveau, la visiteuse s'était tue. Mais cette fois, elle n'osait plus regarder l'aumônier en face. Ses yeux restaient rivés à terre, comme s'ils cherchaient là l'ultime refuge qui mettrait fin aux remords de la femme. — Depuis que vous êtes à nouveau seule, madame, parvenez-vous à mesurer l'abîme qui sépare la pureté de l'amour qui vous portait vers l'abbé Plançon de cette passion charnelle pour celui que vous appelez votre amant et dont je n'ai pas grand-peine à deviner l'identité ? Si vous l'avez connu dans la prison, étant donné le très petit nombre d'hommes qui y ont accès, les possibilités sont réduites... — Oui, mon père, je mesure la différence de cet amour. Mais vous ne pouvez pas savoir ce que cela a représenté pour moi, à mon âge et après ce que j'avais vécu, de pouvoir enfin m'abandonner dans les bras d'un homme que je désirais et qui me désirait pour moi-même ! En quelques jours il m'avait transformée. Grâce à lui, j'étais redevenue coquette, élégante ; je me trouvais belle. J'avais de nouvelles ambitions... — Et maintenant, qu'allez-vous faire ? — Je l'ignore. C'est pourquoi je sollicite votre conseil. — Il faut réparer vos erreurs en continuant votre mission de charité auprès de celles qui n'ont pas votre liberté. Quand tombe votre prochain jour de visite ? — Demain. A suivre