Résumé de la 92e partie ■ Après le départ du révérend, sœur Amélie rapporta deux lettres à Claire dont l'une est de Maureen. La deuxième lettre venait de France. Claire reconnut l'écriture de l'abbé Plançon. Ma chère Claire, Il y a bien longtemps que je n'ai eu de vos nouvelles et que vous n'en avez reçu de moi. Mais, malgré ce silence, je sais que vous continuez à remplir fidèlement votre mission charitable avec cette foi et cette sérénité dont vous aviez fait preuve lors de nos rencontres à Saint-Jean. Je vous écris justement parce qu'il se trouve que je suis passé dans ce village il y a quelques jours. Je n'ai pas pu résister à la tentation d'aller revoir votre maison. Le jardin est à l'abandon et les belles ténébreuses que vous aviez réussi à y acclimater ont disparu. En revanche, à force de persévérance, je suis parvenu à en faire pousser quelques pieds dans mon jardin du Rabion. Aussi, comme je me doute que là où vous êtes vous n'avez plus la possibilité de cultiver des fleurs, j'ai décide' de vous envoyer dans un colis, que vous recevrez ces jours-ci, quelques-unes de mes nouvelles «belles ténébreuses». Espérant que mon envoi vous parviendra en bon état, je vous demande, ma très chère Claire, de croire en mon indéfectible amitié. Fasse le Ciel que vous puissiez continuer à puiser dans vos activités de visiteuse l'apaisement auquel votre conduite exemplaire vous donne maintenant droit. Votre dévoué, Louis Plançon. Ces deux lettres, très différentes en apparence, recelaient pourtant une même tendresse, une même affection pour leur destinataire. En les lisant et les relisant pendant toute la soirée, Claire se demanda quelle décision prendre. Répondre à l'appel de l'Irlandaise et partir en Australie ? Ou, au contraire, rester ici à continuer de visiter les détenues, comme le souhaitait le bon curé ? Le lendemain matin, après une nuit sans sommeil, la visiteuse découvrit le précieux envoi que sœur Amélie vint poser avec précaution sur la table de la chambre, en disant: «Je suis sûre que ce sont encore des roses ! Vous êtes une grande cachottière, madame Claire !» A ce moment-là, sa décision fut prise. Les «belles ténébreuses», que sœur Amélie avait plongées immédiatement dans un vase («Elles doivent avoir soif, après un si long voyage!»), embaumèrent la petite chambre pendant que Claire prenait lentement son petit déjeuner puis faisait sa toilette avant de revêtir l'une de ses robes noires et de tirer ses cheveux en arrière. A treize heures précises, elle passa devant la loge de Sosthène qui l'accueillit avec un grand sourire. — Par où commencez-vous, aujourd'hui, madame Claire ? Par les cuisines, la bibliothèque...? — Non, cher monsieur Sosthène. Par la chapelle. — Ah ? Moi, je veux bien, mais vous n'y trouverez personne à cette heure-ci. C'est précisément ce que souhaitait la visiteuse : pouvoir prier en paix.