Résumé de la 3e partie Abû 'Abd AIlah ech-Choudhi est un malamâti, c'est-à-dire un mystique qui feint l'excentricité pour qu'on le blâme mais qui, en secret, se voue aux actes d'adoration. Ibn Mar?a continue donc à suivre Choudhi, assistant à ses pitreries, s'asseyant parfois à ses côtés, mais jusque-là, il n'arrive pas à lui parIer ni à lui exposer son v?u le plus cher : devenir son élève. Le ramadan tire à sa fin et les gens se préparent à fêter l'Aïd al-fitr, la fête de la rupture du jeûne. A TIemcen, à cette époque, on préparait la mchehda, un gâteau feuilleté cuit dans du beurre et trempé dans du miel. On invitait les parents proches et les amis et on le partageait dans la joie. ? Ma tante, dit Ibn Mar?a à sa vieille tante, je voudrais inviter quelqu'un pour la mchehda de demain ! ? Tu peux inviter qui tu veux, mon fils, je préparerai un gâteau succulent ! ? Tu es sûre que je peux inviter qui je veux ? Bien sûr? ? Il hésite puis il dit : ? Je veux inviter Choudhi, le marchand de bonbons, cet excentrique dont nous avons parlé l'autre jour. Il s'attend à ce que sa tante proteste ou même se mette en colère, mais elle sourit. ? Et pourquoi pas ? Lui aussi est un musulman, je suppose que personne ne va l'inviter à partager la mchehda ! Cette réponse satisfait le théologien andalou. Le lendemain, jour de l?Aïd, dès la sortie de la mosquée, il part à la recherche de Choudhi. Il y a tellement de gens dans la rue qu'il n'arrive pas à le trouver. Brusquement, quelqu'un le touche à l'épaule. ? Qui cherches-tu, jeune homme ? C'est Choudhi et il le regarde en souriant. ? Je t'invite à manger la mchehda de ma tante, dit Ibn Mar?a. ? D'accord, dit Choudhi, mais nous mangerons d'abord le gâteau que j?ai ! Il lui demande de le suivre et l'entraîne dans un endroit désert. Puis il tire de son vêtement une écuelle recouverte d'un linge blanc, il en ôte le tissu qui le recouvre et Ibn Mar?a découvre un gâteau croustillant. C'était, dira-t-il plus tard, la mchehda la plus délicieuse qu'il ait jamais mangée ! Les deux hommes se rendent ensuite chez la tante où ils mangent une autre mchehda : elle était, dira encore Ibn Mar?a, infiniment moins bonne que la première ! En repartant, Choudhi demande à Ibn Mar'a ce qu'il est venu faire à TIemcen. Il a tout de suite compris qu'il est étranger à la ville. ? Voir ma tante mais aussi étudier ! Et il ajoute, confus : ? Je voudrais étudier auprès de toi ! ? Alors, dit Choudhi, si tu veux étudier auprès de moi, viens me retrouver demain ! ? Et où te trouverai-je, ô maître ? demande l'homme éperdu de joie. ? Tu me trouveras à la mosquée de Aïn Qçours, en dehors de Bab al-Qarmadin ! (à suivre...)