Résumé de la 4e partie Abû 'Abd Allah ech-Choudhi, un mystique curieux, accepte de prendre comme élève un savant andalou, Ibn Mar?a. Dès le lendemain, il se rend à la petite mosquée de Aïn Qçours, au lieudit al-Mouniya. C'est un oratoire très modeste où très peu de gens viennent prier. Choudhi est là, vêtu de haillons, mais l'air noble et imposant. ? Mets-toi en face de moi, dit-il à l'Andalou. Ibn Mar?a obéit. L'homme garde le silence un long moment puis il dit : ? Que veux-tu savoir ? ? Je cherche la connaissance, la vraie ! ? La connaissance est vaste ! ? Alors, enseigne-moi ce que Dieu t'inspirera de m'enseigner ! Choudhi garde encore le silence un moment puis il dit : ? Commence par réciter le Livre de Dieu car c'est par lui qu'il faut toujours commencer ! Ibn Mar?a récite alors la Fatiha, la première sourate du Coran. ? Nous allons d'abord pénétrer le secret de cette formule : «Bism Illah al Rah'mân al Rahîm», Au nom de Dieu, Le Clément, Le Miséricordieux... Voilà une formule que Ibn Mar?a a étudié longuement. Que peut donc lui apporter Choudhi qu'il ne connaisse pas déjà ? Choudhi se met à parler et Ibn Mar?a se met à l'écouter, émerveillé, découvrant des vérités qu'il ignorait... Et le cours sur la Basmalla, cette formule par laquelle commencent toutes les sourate du Coran à l'exception de la neuvième, va durer dix jours consécutifs... Dix jours d'émerveillement et de découvertes pour le théologien andalou. L'instruction va durer deux années entières : Ibn Mar?a ne songe nullement à rentrer chez lui et, chaque jour, il va retrouver le cheikh pour sa leçon. Choudhi lui donne son cours puis il se lève, va chercher son plateau en bois, il le charge de gâteaux et de confiseries et s'en va crier dans les rues : ? Bonbons, bonbons, demandez les bonbons de Choudhi, ils ne coûtent pas cher et ils sont bons ! Et il rit et danse avec les enfants, amusés par ses pitreries. Plus d'une fois, Ibn Mar?a s'est demandé si ce pitre était le même que celui qui, il y a encore quelques instants, lui enseignait la connaissance ineffable... Choudhi crie : les enfants qu'il a régalés de bonbons le frappent avec des pierres. ? Arrêtez ! hurle Ibn Mar?a. Choudhi, le front plein de sang, sourit. ? Laisse-les ! je n'ai que ce que je mérite ! ? Ils t'ont blessé ! ? Et moi, je ne les ai pas agacés par mes pitreries ? C'est ainsi que sont les malamati : ils jouent aux fous, ils s'attirent l'hostilité des foules qui croient réellement qu'ils sont fous, mais quand ils sont seuls, ils s'abîment dans la prière et la contemplation ou alors, comme Choudhi, ils enseignent la connaissance ineffable ! (à suivre...)