Cette nuit-là, Ibn Ma'ra' ne parvient pas à dormir. Il pense au marchand de bonbons et le désir de le connaître, de devenir son élève ne cesse de croître. Le savant andalou est persuadé, en effet, que l'homme qui fait le pitre dans les rues de Tlemcen peut lui apporter la connaissance qui lui manque : celle des choses ineffables ! Ibn Ma'ra' continue donc à suivre Choudhi, assistant à ses pitreries, s'asseyant parfois à ses côtés, mais sans parvenir à lui parler ou à lui exposer son vœu le plus cher : devenir son élève. Un jour, alors que l'homme semblait disposé à l'écouter, il lui dit : «Maître, je suis venu de loin, à la recherche de la science… J'ai appris, dans cette ville et dans d'autres lieux beaucoup de choses, j'avais le loisir de choisir un maître parmi les plus réputés, mais je n'en ai pas trouvé un à mon goût… Et voilà que je te découvre… Tu as aussitôt ravi mon âme… Mon vœu, aujourd'hui, est de devenir ton disciple ! Je te prie de m'accepter !» Pour toute réponse, Choudhi se lève et s'éloigne. Ibn Ma'r'a est triste. Il croit comprendre que l'homme ne veut pas de lui. Mais il reviendra les jours suivants et restera avec lui, sans rien dire. Peut-être finira-t-il par l'accepter !