«Dépoussiérer la face éclaboussée de l'islam» est l'objectif assigné aux imams algériens détachés dans des lieux de culte fédérés par la Grande Mosquée de Paris. C'est ce qui ressort de l'intervention du ministre des Affaire religieuses et des Wakfs, ce matin sur les ondes de la Chaîne III. Les imams concernés seront «formés dans des instituts spécialisés dans un contexte de déradicalisation» pour démontrer que l'«islam est une religion de modération contrairement aux images de feu et de sang que le fondamentalisme tente de lui coller», a ajouté Mohamed Aïssa. «Les imams algériens détachés dans des lieux de culte fédérés par la grande mosquée de Paris s'engagent à défendre la vraie image de l'islam en France et dans toute l'Europe afin de montrer qu'il s'agit d'une religion de tolérance et de non violence», a indiqué ce matin Mohamed Aïssa. «Il est prévu que des imams algériens servent dans les mosquées fédérées par la grande mosquée de Paris et ailleurs pour, notamment, immuniser la communauté nationale établie en France et en Europe et dépoussiérer la face éclaboussée de l'islam»,, a ajouté Mohamed Aïssa. Les imams concernés sont «formés dans des instituts spécialisés dans un contexte de déradicalisation. Ils vont démontrer que l'islam est une religion de modération, de convivialité et de tolérance contrairement aux images de feu et de sang que le fondamentalisme tente de lui coller», soulignant que «l'amalgame islam-terrorisme profite aux extrémismes». Il faut savoir qu'une convention franco-algérienne a été signée, l'année dernière, pour renforcer la formation dispensée aux imams algériens dans une dizaine d'universités françaises. Cette mesure touche des promotions annuelles de 120 imams qui traversent la Méditerranée pour exercer pendant quatre ans en France, avant de s'en retourner. «Il ne s'agit pas pour la France de dire ce que doit être la formation théologique, ce qui n'est pas du rôle de la République, mais d'accompagner une stratégie globale visant à renforcer le niveau général» des imams, selon Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur français en visite à Alger le 18 décembre dernier. Les imams «détachés» reçoivent ainsi un enseignement à la fois de la langue, mais aussi des institutions françaises, très axé sur la laïcité et son esprit. Ils sont notamment formés aux obligations de la loi de 1905, qui porte sur la séparation des Eglises et de l'Etat. Cette formation spécifique est coordonnée par l'institut Al-Ghazali, rattaché à la Grande Mosquée de Paris. Mais elle s'effectue de façon décentralisée, dans des universités françaises qui ont accepté le principe de ces formations ouvertes à tous. «Les temps ont changé», avait expliqué à Alger Bernard Cazeneuve. Il s'agit «de faire ce que nous devons et ce que nous pouvons pour éviter le dévoiement du message de l'islam par des groupes sectaires terroristes qui n'ont rien à voir avec l'islam et ses textes», avait martelé le ministre français. Pour sa part, le ministre en question, Mohamed Aïssa, a expliqué que ce rapprochement visait «à une pratique de l'islam en France qui doit être imprégnée de citoyenneté, du caractère républicain et du respect de la laïcité. Un effort qui doit être fourni par les imams algériens délégués en France» et qui contribuera «à faciliter l'intégration» par la promotion «d'un islam du juste milieu, de convivialité, de respect et d'amour de l'autre». Le but étant, a conclu Mohamed Aïssa de «cadrer, jalonner et accompagner un exercice serein, modéré, de l'islam en France».