Dès le lendemain, Ma'ra' se rend à la petite mosquée de Aïn Q'çours, au lieudit al-Mouniya où Choudhi lui a fixé rendez-vous. C'est un oratoire très modeste où très peu de gens viennent prier. Choudhi est là, vêtu de haillons, mais l'air noble et imposant. «Mets-toi en face de moi», dit-il à l'Andalou. Ibn Ma'ra' obéit. L'homme garde le silence un long moment puis dit : «Que veux-tu savoir ?» Ibn Ma'r'a répond : «Je cherche la connaissance, la vraie !» L'homme répond, dédaigneusement : «La connaissance est vaste !» — Alors enseigne-moi ce que Dieu t'inspire de m'enseigner !» Choudhi garde encore le silence un moment puis répond : «Commence par réciter le Livre de Dieu, car c'est par lui qu'il faut toujours commencer !» Ibn Ma'ra' récite alors la Fatiha, la première sourate du Coran. «Nous allons d'abord pénétrer le secret de cette formule : Bism Illah al-Rah'mân al-Rahîm, Au nom de Dieu, Le Clément, Le Miséricordieux…» Voilà une formule que Ibn Ma'ra' a étudiée longuement. Que peut donc lui apporter Choudhi qu'il ne connaisse pas déjà ? Choudhi parle et Ibn Ma'ra' l'écoute, émerveillé, découvrant des vérités qu'il ignorait… Et le cours sur la Bism Illah, cette formule par laquelle commencent toutes les sourates du Coran, à l'exception de la neuvième, va durer dix jours consécutifs… Dix jours d'émerveillement et de découvertes pour le théologien andalou.