Découverte ■ Traditionnellement, la musique arabo-andalouse paraît comme un art exclusivement citadin, réservé à une élite, se résumant uniquement à trois grandes écoles : gharnati (Tlemcen), san'â (Alger) et malouf (Constantine). Ces trois grands courants assurent un monopole presque sans partage et s'imposent quasiment comme une référence en la matière. Cependant, il se trouve que, contrairement aux idées préconçues, la musique arabo-andalouse, réputée hermétique et sélective, est pratiquée au-delà même de ses frontières. Elle est jouée même dans le Sud, notamment à Laghouat. L'on parle de l'«andalou saharien». C'est l'association El Mizharia qui, avec autant de détermination que de témérité, œuvre à la promotion et à la sauvegarde de ce patrimoine musical, donnant un autre souffle à ce legs musical. «Notre objectif est simple : œuvrer à sauve-garder et à la pérennisation de ce legs musical ancestral, connu dans la ville de Laghouat sous le nom de patrimoine de Rey Malek, de son vrai nom Mohamed El Djoudi. Et cela ne peut se faire que par l'enseignement et la formation des jeunes générations, assurant ainsi la relève, et assurer, par conséquent, la continuité. C'est aussi pour fructifier cet héritage musical, le faire revivre à chaque fois», raconte Saâd Bouchouireb, le chef d'orchestre. Ainsi, l'orchestre de l'association bouscule les anciennes habitudes, donc la tradition, en offrant à chacune de ses prestations des noubas «aux couleurs ocres, portant de nouvelles — et très originales — sonorités émanant de cette grande porte du Sahara qui abrite l'une des plus grandes confréries du soufisme, Tijania, grand pôle du savoir religieux et de la poésie surtout». «Nous revendiquons un style particulier dans notre façon de jouer la musique andalouse», souligne Saâd Bouchouireb, et de renchérir : «Contrairement aux idées reçues, la ville de Laghouat compte de nombreux artistes et mélomanes qui font les beaux jours de cette musique. Nous tenons cette singularité de notre grand maître cheikh Mohamed, plus connu sous le nom de Rey Malek. C'est vous dire que l'andalou à Laghouat n'est pas de récente apparition». D'où le constat : on s'étonne du fait qu'à Laghouat, il y ait des adeptes de la musique arabo-andalouse. A cela, Saâd Bouchouireb déclare (sourire) : «C'est vrai qu'il y a des gens qui sont surpris de voir qu'à Laghouat,il y a une pratique très active de la musique arabo-andalouse, et cela est dû au manque de communication et surtout de médiatisation. Nous avons un héritage et donc une tradition musicale dans le domaine arabo-andalou propre à la région de Laghouat, que nous perpétuons, et c'est une fierté pour les habitants de Laghouat». S'exprimant sur l'association, Saâd Bouchouireb dit : «L'association a été créée en 2004, elle a été fondée par les anciens mélomanes et les fans et aussi les membres de la famille d'art, ceux qui ont de l'expérience dans le domaine artistique au niveau de la ville de Laghouat, et elle a à son actif plusieurs participations artistiques, dont le Festival de musique andalouse organisé à Laghouat en 2007, le 2e Festival national Hawzi de Tlemcen en 2008, ainsi qu'une participation à la seconde édition du Festival san'â d'Alger, la même année. Et aussi la 9e édition du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes (2014). » L'association «El Mizharia» continue à oeuvrer pour la préservation du legs musical andalou, tout en s'intéressant à la formation des jeunes pour transmettre ce patrimoine ancestral aux futures générations.