Colère ■ Au premier jour du Nouvel an, les habitants de In Salah dans la wilaya de Tamanrasset, ont organisé un grand sit-in et une marche de protestation contre le projet gouvernemental relatif à l'exploitation du gaz de schiste. Personne ne s'attendait à ce début d'une révolte populaire dans cette région, avec le début du Nouvel an. L'annonce du gouvernement d'entamer les opérations d'exploration et d'expérimentation concernant l'éventuelle exploitation du gisement schisteux a, ainsi, enflammé les habitants des différentes régions du Grand Sud, qui se sont joints à la protesta. Un vent de colère qui continue de souffler sur ces localités, avec une détermination des manifestants d'aller jusqu'au bout de leur revendication consistant à faire reculer le gouvernement sur la décision d'exploitation de l'énergie fossile. Le déplacement du ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, le 8 janvier à In Salah, n'a pas eu l'effet escompté, puisque ses explications et assurances n'ont pas calmé les esprits des protestataires, qui ont, plutôt, réitéré leur revendication d'un engagement clair sur un abandon pur et simple du projet. Le vent de la colère a, au contraire, pris de l'ampleur, car des habitants de plusieurs autres localités du Grand Sud ont observé, à leur tour, des marches pour dénoncer la nouvelle tendance énergétique du gouvernement. De retour à Alger, le premier responsable du secteur a déclaré qu'il n'y aurait pas de marche arrière sur ce projet. Le directeur général par intérim de Sonatrach a, de son côté, affirmé, sur le plateau de la télévision publique, que l'exploitation du gaz de schiste se poursuivrait, assurant, à cette occasion, que les appréhensions exprimées par les habitants du Sud n'étaient pas fondées et expliquant que ce projet ne représentait aucun danger ni pour l'environnement, ni pour les eaux souterraines dans cette région. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n'est pas resté insensible face à cette situation. Il a choisi, cette fois-ci et pour la première fois de l'histoire de la communication officielle en Algérie, sa page sur le site de socialisation Facebook pour lancer un message aux protestataires. Le 16 janvier, il a publié sur sa page que «l'exploitation du gaz de schiste n'est pas du tout à l'ordre du jour du gouvernement algérien», ajoutant que «le gouvernement n'a délivré aucune autorisation» pour l'exploitation de ce gaz. Il a expliqué, en outre, que les démarches actuelles consistent en le «lancement d'un projet pilote de prospection à Ahnet avec la réalisation de deux forages chacun pour étudier les réserves de gaz non conventionnels dans cette zone, et avec pour échéance la fin 2015. Il s'agit ensuite d'aller vers une évaluation à partir de 2020». En dépit du déphasage entre les deux discours officiels, la contestation n'a pas cessé. Elle s'est même déplacée dans la capitale, où une marche a été empêchée par la police, le 17 janvier, au niveau de la Grande Poste. Pour rappel, le front social anti-gaz de schiste n'a pas cessé ses actes de protestation, depuis le feu vert donné par le président Bouteflika, le 21 mai 2014, pour son exploitation. Toutefois, la protestation s'est amplifiée en ce début d'année.