Objectif ■ Chaque année les concours de recrutement sont destinés à pourvoir des postes dans les établissements scolaires et chaque année un grand nombre d'élèves se retrouvent sans enseignants. Aujourd'hui le nombre de contractuels dans le secteur de l'éducation est estimé à plus de 45 000 tous paliers confondus dont près de 15 000 dans le secondaire, le ministère de l'Education va ouvrir un concours de recrutement pour 7 000 postes budgétaires ce qui ne représente même pas 50% du manque d'enseignants dans le secondaire. «Mais ces chiffres qui ne tiennent compte que du nombre de contractuels, resteront inchangés chaque année car plus de 80% parmi ces enseignants échoueront puisque le nombre de postulants est beaucoup plus grand que celui des postes budgétaires», a déploré Hakem Bachir, enseignant de mathématiques au lycée Colonel Lotfi d'Oran dans un communiqué parvenu à notre rédaction. Ainsi, selon le coordinateur local du CLA (Conseil des lycées d'Algérie) «la plupart de ces contractuels ou vacataires qui sont en poste pour certains d'entre eux depuis plus d'une dizaine d'années et qui pourraient atteindre les 60 ans en tant que contractuels si une solution n'est pas trouvée, alors que là une analyse logique se pose parce que si ces contractuels ont échoué c'est qu'ils ne sont pas aptes à enseigner. Alors pourquoi seront-ils de nouveau recrutés en tant que stagiaires l'année suivante ?». «Beaucoup d'entre eux ont été bien appréciés par les inspecteurs de matières mais ils ne pourront pas être recrutés comme stagiaires puisque la Fonction publique exige le concours en plus de la politique de diminution du nombre de postes budgétaires dans la Fonction publique alors que le secteur de l'éducation a besoin de stabilité car le nombre de postes budgétaires ouverts chaque année ne couvre même pas les postes de départ en retraite, et ainsi à chaque fois le nombre de contractuels ne cessera d'augmenter, ce qui mènera automatiquement dans quelques années à la contractualisation à 100% dans l'enseignement», a encore souligné l‘enseignant évoquant dans son document, une autre anomalie, celle des enseignants qui ayant réussi leur concours et participé aux stages de formation, sont licenciés par la Fonction publique pour des erreurs administratives de la part du ministère de l'Education. «Aujourd'hui, le vrai manque d'enseignants dans le secondaire est de plus de 25 000 et seulement 7 000 postes budgétaires seront ouverts pour le concours de recrutement qui seront pourvus pour la plupart par des enseignants sans formation et sans expérience, qui se retrouvent face à une situation très difficile et dangereuse, certains d'entre eux n'ayant pas pu tenir plus d'une heure», a soutenu Hakem Bachir. Alors, selon ses dires, la logique pédagogique et stabilisatrice du secteur était de commencer par recruter ces enseignants parmi les contractuels ayant déjà enseigné et sur le terrain depuis plusieurs années (contractuels ou vacataires) ou ceux formés par l'ENS, ce n'est qu'après et dans le cas où le manque d'enseignants persiste, qu'il faudra recruter par voie de concours les nouveaux sortants de l'université. «La précarité, la baisse de niveau de l'enseignement, la violence et la surcharge des classes dans l'enseignement continuera si le recrutement dans ce secteur stratégique ne tient pas compte des vrais besoins», a-t-il averti.