Résignation ■ Menacés d'isolement après le rejet de leur coup de force par les principaux partis politiques yéménites et les monarchies du Golfe, les miliciens chiites se sont résolus à participer à un dialogue sous l'égide de l'ONU. L'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar, a annoncé que toutes les parties impliquées dans la crise au Yémen, dont les miliciens chiites qui se sont emparés du pouvoir, avaient accepté de reprendre les discussions ce lundi. Le chef de la milice chiite, «Abdel Malek al-Houthi et toutes les parties politiques au Yémen ont accepté de reprendre le dialogue (...) demain», a déclaré hier M. Benomar à Sanaâ. Le secrétaire général de l'ONU a réclamé la veille le rétablissement du président démissionnaire. Le rejet par les principaux partis politiques yéménites et les monarchies du Golfe du coup de force des miliciens chiites souligne le risque d'isolement qui guette les nouveaux maîtres de Sanaâ. Le coup de force des Houthis a également été dénoncé par les partis politiques yéménites, y compris par le parti de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, devenu pourtant leur allié. Le CPG, le plus grand parti du pays, majoritaire au Parlement, a reproché aux Houthis d'avoir «nui à la légalité constitutionnelle». Le parti islamiste Al-Islah a lui aussi rejeté les décisions des miliciens chiites, demandant de «les abroger», tandis que le Parti socialiste y a vu «un coup porté au consensus national». A l'étranger, les Houthis ont été violemment attaqués par les monarchies du Golfe qui ont dénoncé un «coup d'Etat» et menacé de «prendre les mesures pour défendre leurs intérêts» au Yémen. Les miliciens chiites, dits Houthis, ont annoncé vendredi dernier la dissolution du Parlement et l'installation de nouvelles instances dirigeantes, après avoir poussé fin janvier à la démission le président Abd Rabbo Mansour Hadi et le Premier ministre Khaled Bahah. Avant de se saisir du pouvoir, les Houthis, soupçonnés de bénéficier d'une aide de l'Iran chiite, avaient été classés «groupes terroristes» en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis. Washington, pour qui le Yémen est un important allié dans la lutte contre le réseau extrémiste Al-Qaïda, a aussi dénoncé leur coup de force. La tension était en effet vive hier dans le sud et le sud-est du Yémen où les autorités locales ont annoncé «ne pas reconnaître» le pouvoir des Houthis. Selon leur communiqué, ce rejet est partagé par les forces armées et de sécurité dans les provinces d'Aden, Abyane, Lahj, Chabwa, Dhaleh et Hadramout. D'intenses tractations s'y poursuivaient, impliquant notamment le Mouvement sudiste, dont une faction milite pour une sécession du sud du pays. Dans la province pétrolière de Marib, à l'est de Sanaâ, des chefs de puissantes tribus sunnites, farouchement opposées aux Houthis, et le commandement régional de l'armée ainsi que celui de la police, «se concertaient sur les moyens de faire face à toute éventualité». Cette mobilisation fait suite à des informations selon lesquelles les Houthis entendent avancer dans Marib «au nom de la lutte contre Al-Qaïda». Hier, le ministère de l'Intérieur a annoncé l'interdiction des manifestations anti-Houthis, à moins qu'elles soient autorisées par le ministère.