Projet ■ La pièce «Noces de sang» de l'Espagnol Federico García Lorca, mise en scène par Ziani Cherif Ayad sera présentée, les 18 et 19 février à 18h. A propos de son choix de ce texte de Lorca, Cherif Ayad dira qu' il y a bien longtemps qu'il rêvait de le monter sur les planches, ainsi que ceux d'autres auteurs universels. «Lorsque j'étais à l'Ecole nationale d'arts dramatiques, j'avais un top cinq des auteurs que je voulais mettre en scène», confie-t-il, et de renchérir : «Federico García Lorca y figurait. Je le considère comme un auteur qui nous parle de notre société, un poète, un musicien, un auteur engagé. J'ai monté cette pièce universelle telle qu'elle est, sans toucher à quoi que ce soit. J'ai monté l'original. J'ai mené cette expérience universelle pour montrer qu'on peut représenter un texte universel parce qu'il parle à l'humain.» «Noces de sang» est l'histoire tragique d'un amour qui finit par un drame. L'histoire se passe en Espagne dans l'entre deux guerres dans une société paysanne où le poids des traditions est écrasant. Une société intransigeante envers tout ce qui pourrait bouleverser les us et coutumes .Que dire quand les tabous pesant de leur poids d'interdits vont condamner les sentiments qu'entretiennent un jeune homme et une jeune fille pour finir de manière tragique. Le drame peut se transposer dans notre société, lequel au XXIe siècle n'est pas étranger à notre société. «Il faut rappeler ici que García Lorca l'a écrite à partir d'un fait divers, publié dans un journal en Espagne, et que l'on pourrait traduire ici par hekaya taa dechra », dit-il. A cet égard, il signale que tout texte issu de la littérature ou même d'une chronique journalistique peut être sujet à une adaptation théâtrale. Pour revenir à Noces de sang, il dira qu'il a fallu un énorme travail sur le texte pour l'imprégner de la langue populaire. Un langage tout d'émotion et de poésie. «Quand on travaille sur un texte, on essaie de le transformer à sa façon. Le texte s'inscrit dans une image et dans l'émotion. Si cette pièce continue à être montée un peu partout à travers le monde, c'est qu'elle a une portée universelle», souligne-t-il. Concernant le choix de la distribution, Ziani Cherif Ayad explique que cela relève d'une alchimie. A cet égard il a mis l'accent sur les jeunes comédiens qui font partie de la troupe et dont le talent n'est pas mis en doute. Bien au contraire, au contact des «pros», les jeunes acteurs avec leur spontanéité ont réussi un beau travail. «J'ai sciemment choisi des comédiens entre professionnels, amateurs et débutants. Je voulais trouver un équilibre entre eux. La preuve, j'ai attribué un des rôles principaux à un jeune danseur qui campe le rôle du fiancé», relève-t-il, et de poursuivre : «Ce fut en même temps un parcours de travail et de formation.» Et quand c'est Ziani Cherif Ayad qui l'atteste, on ne peut qu'adhérer à sa thèse et à ses années d'expériences. Justement s'agissant de maturité professionnelle, le metteur en scène signale : «l'expérience vient élaguer ce qu'il ne faut plus faire. Quand je monte un spectacle c'est comme si je le faisais pour la première fois. Là, nous avons tenté de la raconter telle que García Lorca l'a écrite.» Leila N. Nul doute que Ziani Cherif Ayad a voulu donner un nouveau souffle au texte de Lorca en lui imprégnant «une langue populaire», un parler jeune, dynamique, généreux, quoi qu'il s'en défende, si algérien «cette pièce doit et va parler au public algérien», dit-il. Finalement notre metteur en scène confie aimer «le théâtre des poètes avec ses sonorités, sa musique...» La musique et la traduction ont été confiées au musicologue Nourredine Saoudi. Quant au décor, Arezki Larbi préfère parler de scénographie. «On a travaillé sur les ambiances avec des clins d'œil sur différents styles. Nous n'avons pas opté pour un décor réaliste mais nous sommes allés chercher l'essentiel. Le décor que nous avons choisi est ici, plus fonctionnel qu'un décor classique. Cependant pour être en relation avec les décors, on a voulu rendre hommage aux grands peintres espagnols tels que Velázquez, Picasso, ou Miro, qui ont marqué l'Espagne», précise-t-il. Et à Ziani Cherif Ayad de conclure : «Dans un monde de violence parler d'amour met du baume au cœur.» Une vingtaine de comédiens, dont Lydia Larini, Ismahane Ferfare, Raja Houari, Mouna Bensoltane, Feriel Chorfi, Faten Kettar, Djallal Daroui, Mohamed Hadri, Sami Gharissi, Michou, Djamel Dendane et Nabil Rahmani, font partie de la distribution artistique dans cette nouvelle pièce élaborée en trois actes. L. N.