Les jeunes promoteurs ayant bénéficié de l'aide à l'emploi réclament l'arrêt de la campagne de saisie lancée ces derniers temps par les banques. Ils interpellent le Premier ministre pour cesser les poursuites judicaires engagées contre eux . Convaincus qu'ils ne sont pas les seuls responsables de l'échec de leur entreprise, ils n'hésitent pas à remettre en cause la politique de l'emploi engagée par l'Etat. Ils ont tous contracté des crédits dans le cadre des différents dispositifs de création de micro-entreprises à savoir, l'Ansej, la Cnac et l'Angem. En difficulté financière depuis quelques années, ces derniers n'arrivent plus à rembourser leurs crédits d'où les poursuites judiciaires enclenchées à leur encontre par les créanciers. Regroupés en Collectif d'appui à la micro-entreprise (Came), ces derniers ont appelé, hier à Tizi Ouzou, le Premier ministre à intervenir pour suspendre l'action judicaire engagée contre eux et leur éviter le risque de saisie de leur matériel auxquels ils font face. Le collectif réclame un dialogue national à même de trouver une solution à cette situation dont la cause est essentiellement liée au manque de travail, selon le Came. Les jeunes promoteurs sont rarement sollicités pour prendre part aux offres d'appel pour des projets de construction. Les grandes entreprises et les mieux épaulés demeurent les plus privilégiés dans ce genre de marché ne laissant presque rien aux jeunes promoteurs. Une réalité ignorée volontairement par les autorités que le Came souhaite mettre en lumière et régler définitivement. Le collectif a notamment insisté sur l'effacement de la dette des jeunes promoteurs en émettant certaines propositions à l'image de l'octroi de 20 % des marchés au profit des jeunes promoteurs. Pour ces derniers, ces dettes ne sont qu'un résultat de la défaillance de la politique entreprise par l'état, qui n'a fait qu'accroître la misère des jeunes. «On parle de l'escroquerie de l'argent de l'état, nous refusons d'être qualifié d'escrocs ! Nous sommes des victimes, qu'on nous donne du travail et on va travailler», a déclaré un promoteur. «Si le président Boueflika a effacé les dettes du Tchad, pourquoi il n'effacerait pas les nôtres ?», dira un autre. Dans son intervention, un promoteur de la localité de Tadmaït est allé même plus loin considérant que les 333 000 entreprises créées dans le cadre de l'Ansej, depuis 2011, sont toutes prises au piège. «Ce sont des milliers de victimes si on calcule le nombre des familles prises en charge par ces bénéficiaires de crédits», a t-il souligné avant de préciser que l'état est aussi perdante dans cette affaire «devenue un gagne pain pour les huissiers de justice». «Nous demandons une solution radicale, le problème, c'est le système, et c'est à lui d'assumer ses erreurs», martela un autre intervenant lors de cette rencontre qui a réuni des délégués venus de la wilaya de Boumerdès, Bouira, Batna et d'Oran. Cette réunion se veut un début pour la structuration de ce mouvement qui devrait aboutir à une coordination nationale des jeunes promoteurs. Le président du collectif d'appui à la micro-entreprise, Karim Lembrouk, a ainsi insisté sur la nécessité de la création de structures au niveau local et national avec la désignation de délégués afin de faire aboutir les revendications des jeunes promoteurs en difficultés. Par ailleurs, une déclaration a été rendue publique à l'issue de cette assemblée générale où les promoteurs ont interpellé les hautes autorités du pays à intervenir en urgence pour le lancement d'un débat national sérieux sur l'avenir des micro-entreprises.