Jeunesse n Fatma avait seulement 16 ans lors de l'occupation de la Kabylie par les soldats français. La Kabylie fut conquise, non sans violents combats, comme les autres régions. Mais l'insurrection, menée par Lalla Fatma N'Soumer, reste une des plus importantes grâce à cette noble et brave combattante. Les Français l'ont surnommée «la Jeanne d'Arc du Djurdjura», une comparaison que la pieuse Fatma n'a pas acceptée. Armée d'une foi infaillible, elle s'est jetée dans les batailles sanglantes pour repousser l'ennemi. En 1854, à Oued Sebaou, Lalla Fatma N'Soumer, alors âgée de 24 ans, a donné à l'armée française une leçon de détermination et de courage, bien que celle-ci soit largement supérieure en nombre et matériel) Pendant cette fameuse bataille, menée par Mohamed El Amdjed Ibn Abdelmalek (surnommé Boubaghla), qui n'avait su enlever aux troupes françaises leur avantage, Fatma, à la tête d'une armée de femmes et d'hommes, a vaincu et mené son peuple à la victoire, victoire louangée à travers toute la Kabylie. Des mosquées, zawiyas et écoles coraniques s'élevaient de retentissants chants pieux en l'honneur de l'héroïne du Djurdjura. Le maréchal Randon, qui n'accepte pas cette défaite, demande aux habitants de l'actuel Azazga de l'aider à trouver la cachette de Fatma N'Soumer «pour en finir avec sa légende et ses méfaits». La réponse faite à son émissaire fut : «Allez près de celui qui vous envoie et dites-lui que nos oreilles n'entendent pas ce langage qui nous demande de trahir.» A cette réponse, le maréchal Randon dit : «Puisqu'ils sont restés sourds à nos appels, je vais leur faire entendre le son des canons.» Fatma N'Soumer ne se rendit pas. Et même après la prise d'Azazga par Randon et les féroces répressions de ses troupes, elle mobilise la population et livre plusieurs batailles. Elle appelle le peuple à «frapper pour l'islam, la patrie et la liberté. Ce sont nos constantes et elles sont sacrées. Elles ne peuvent être l'objet de concessions ou de marchandages». Sa forte personnalité a eu une grande influence à travers toute la Kabylie, montrant le chemin par le sacrifice et la détermination de la population durant les batailles, spécialement celles d'Icherriden et Tachkrit, où les troupes ennemies subirent de graves défaites. Lors de la dernière victoire kabyle, le 18 juillet 1854, les pertes pour l'ennemi furent lourdes : 800 morts dont 56 officiers et 371 blessés. Finalement, Randon demande un cessez-le-feu, accepté par Fatma N'Soumer, une décision stratégique militaire et politique. Elle planifie d'utiliser cette période de cessez-le-feu pour réorganiser et renforcer ses troupes. Les champs sont labourés et semés, des fabriques d'armes émergent à travers tout le pays. Cependant ce cessez-le-feu, comme tous les précédents, n'est pas respecté par les Français. Après trois ans, en 1857, les Français ayant aussi réorganisé leur armée, lancent des attaques contre plusieurs grandes villes qu'ils gagnent. Fatma N'Soumer, après avoir appelé ses guerriers à la liberté, appelle la population pour un ultime effort. Ce fut la façon d'occuper trois positions stratégiquement importantes. Entourée des femmes de la région, Lalla Fatma N'Soumer dirige l'attaque, Cependant, la bataille fut perdue. F. H.