Le mouton de toutes les convoitises ! Circonstance n Ambiance inhabituelle sur les deux côtés de l'autoroute Est-Ouest au niveau de la commune de Baba Ali, à l'ouest d'Alger. Jamais les petites parcelles de terrain nues n'ont été bondées de monde, comme ces quelques derniers jours. Le silence auquel sont habitués les usagers de cet axe routier s'est, en effet, dissipé, laissant place à un brouhaha incessant du petit matin aux dernières lueurs de soleil. Le barrage fixe de la gendarmerie nationale a, semble-t-il, donné de l'assurance et de la sécurité à ces dizaines vendeurs de moutons, en provenance de différentes régions de l'intérieur du pays, qui s'y sont installés. L'espace a changé de couleur et…d'odeur. Le blanc apparaît de loin et l'odeur, comme le relent des écuries qui s'invite, volontiers, dans les narines des automobilistes. Un marché à ciel ouvert de plus en plus prisé par des pères de familles, et parfois accompagnés de leurs épouses et enfants, à quelques jours de la célébration de l'Aïd el-Adha. Cet espace a toujours été le lieu de prédilection d'éleveurs et de maquignons, mais c'est la première fois que l'on constate ce nombre «impressionnant» de moutons, permettant aux passagers un éventail de choix en termes de qualité et de prix. «Jamais cet espace n'a été aussi garni. Il y a à peine une dizaine de jours, seulement une dizaine de vendeurs étaient là, mais depuis vendredi, il est difficile de se frayer un chemin entre ces innombrables vendeurs, essentiellement des éleveurs ayant préféré proposer, eux-mêmes, leurs bêtes à la vente !», témoignent plusieurs pères de famille, rencontrés dimanche dernier sur les lieux. L'abondance de l'offre crée la concurrence, ce qui fait baisser les prix et permet aux familles à revenus moyens de pouvoir accomplir le rite d'Abraham, estiment-ils. «Un mouton proposé à 50 000 dinars il y a une semaine est cédé, aujourd'hui, à moins de 45 000 dinars, car les éleveurs s'empressent d'écouler leurs bêtes et rentrer chez eux avant l'Aïd. Ici, on peut même acquérir un mouton à 35 000 dinars et je crois que les prix vont encore baisser au cours de cette semaine», estime Hamid, père de famille, qui s'arrête chaque fin de journée pour s'informer sur la «bourse» des moutons. «Je constate que chaque jour, une petite baisse s'opère sur les prix. Comme je suis de passage matin et soir sur cette autoroute, je préfère attendre pour avoir un bon mouton à bon prix», soutient cet ingénieur en électronique, travaillant à Boufarik et habitant à Birkhadem. Les automobilistes n'hésitent pas à s'arrêter pour se diriger vers ce marché improvisé et se renseigner sur les tarifs pratiqués, sans pour autant être pressés d'acheter. La raison est toute simple : pour eux, il vaut mieux patienter jusqu'à deux ou trois jours avant l'Aïd afin de voir les prix baisser. Ici, ce sont plutôt les vendeurs qui ont hâte de «liquider» leur marchandise, contrairement aux autres espaces de vente de moutons dominés par des maquignons qui sont prêts à attendre la dernière minute afin de réaliser des bénéfices…