Réunion n Les dirigeants européens se retrouvent ce mercredi à Bruxelles pour s'attaquer aux racines de la crise des migrants au lendemain d'un accord acquis au forceps sur une répartition de 120.000 réfugiés, au prix d'une fracture avec plusieurs pays de l'Est. La conclusion de cet accord est un soulagement pour les chefs d'Etat et de gouvernement qui se réuniront en sommet pour décider d'autres mesures, au moins aussi urgentes, afin d'endiguer le flux de demandeurs d'asile. L'UE semble décidée à dégager une aide financière plus importante pour les pays frontaliers de la Syrie (Turquie, Jordanie, Liban) qui hébergent près de quatre millions de réfugiés. En aidant ces pays, et les agences onusiennes qui y aident les réfugiés, l'UE espère contenir le flux de demandeurs d'asile vers l'Europe. «Nous avons réussi à trouver cet accord», s'est félicité le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn, maître d'œuvre des négociations, tout en regrettant de n'être pas parvenu à un consensus. Même si la «relocalisation» de 120 000 réfugiés a été votée par une large majorité des ministres de l'Intérieur, après seulement trois heures de tractations, la Hongrie, la Roumanie, la République tchèque et la Slovaquie ont jusqu'au bout campé sur un refus catégorique. «Le bon sens a perdu aujourd'hui !», s'est désolé le ministre tchèque de l'Intérieur Milan Chovanec sur Twitter. Plusieurs pays, la France en tête, auraient préféré ne pas devoir procéder à un vote, privilégiant l'unanimité. Mais, même s'ils ont réussi à convaincre la Pologne de rejoindre leur camp, leurs efforts sont restés vains face aux quatre nations réfractaires à toute idée de quotas contraignants. Les divisions internes «affaiblissent grandement notre crédibilité» vis-à-vis du reste du monde, a prévenu la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini dans un entretien publié mercredi par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Les négociateurs ont pourtant fait assaut de précautions sémantiques en sortant du texte final toute mention de «clé de répartition» obligatoire des réfugiés, avancée par la Commission européenne. «Les chiffres adoptés (mardi) par les Etats membres le sont sur une base volontaire», a insisté M. Asselborn. Mais, juridiquement, les Etats qui ont voté contre le mécanisme de répartition devront accepter leur contingent de réfugiés précisé dans ce texte. «Je n'ai aucun doute qu'ils mettront en œuvre (la décision) pleinement», a affirmé le ministre luxembourgeois. Toutefois, à Bratislava, le Premier ministre slovaque, Robert Fico a aussitôt fustigé le «diktat» de l'UE, disant préférer «transgresser les règles européennes» que d'accepter des quotas. Autre modification apportée au plan initial de la Commission : les réfugiés à «relocaliser» ne viendront que d'Italie et de Grèce, les Etats membres prenant acte de la volonté de Budapest de ne pas être «bénéficiaire» de ce dispositif.