Résumé de la 296e partie n Charlotte vit le chagrin envahir le beau visage de Jonathan, d'une façon qu'elle ne connaissait que trop bien… Sur le coup, dit-il d'une voix tendue alors que sa pomme d'Adam montait et descendait comme s'il avait du mal à avaler sa salive, je n'y ai pas cru. Lorsqu'elle a raccroché, j'ai procédé à une demande d'identification du numéro. C'est le numéro de l'hôtel Four Seasons. (Il tourna vers elle un regard éploré.) L'appartement de mon associé n'est pas en travaux, et ma femme n'est pas à la maison en train de parler au jardinier. Charlotte vit qu'il avait les larmes aux yeux. — Je suis vraiment désolée, répéta-t-elle. — Non, n'y pense plus, dit-il en détournant la tête. Je l'avais senti venir de toute façon. C'est le prix à payer quand on est un héros. (Il lui tendit un sac en papier qui contenait deux gobelets de café et des croissants.) Je ferais mieux de m'occuper de notre intrus. Le ton de sa voix donna à Charlotte l'envie de le prendre dans ses bras pour le consoler. Mais il y avait aussi de l'amertume dans ses paroles, et puis cette étrange allusion au héros : la même que celle qu'il avait faite dix ans plus tôt, à San Francisco, lorsqu'il lui avait annoncé qu'il avait démissionné de la NSA. «Une cassure nette», lui avait-il dit à ce sujet quelques heuresplus tôt. Que s'était-il passé avec les Huit d'Amsterdam ? — Johnny... dit-elle avant de s'arrêter net. Dans moins de deux heures le délai fixé par l'assassin expirait. Il avait raison. Il ne fallait surtout pas qu'ils perdent les pédales. Adèle et Quentin et tous les autres viendraient plus tard. C'est pourquoi elle dit : — J'ai trouvé quelque chose dans les lettres d'Olivia. Elle lui tendit la liasse qu'elle avait emportée avec elle en quittant le musée. Par chance, lorsque Jonathan était parti à sa recherche, il avait retrouvé son fourre-tout par terre, dans l'usine, à l'endroit où Charlotte l'avait laissé tomber lorsqu'elle avait été agressée. Son agresseur n'en avait visiblement que faire. — Olivia n'avait de cesse de récupérer la maison à tout prix, dit-elle en ouvrant le sac en papier pour en sortir les deux gobelets. Toutes les lettres qu'elle a écrites à ma grand-mère entre 1942 et 1957 sont des lettres de menace. II s'agit ni plus ni moins d'une campagne d'intimidation menée par une seule femme ! Je n'arrive pas à comprendre comment grand-mère a pu se taire pendant si longtemps. Jonathan prit un gobelet, et en ôta le couvercle en plastique. — Ainsi, tu penses que notre assassin est lié à Olivia ? C'est peut-être son fils, Adrian ? Ou Margo ? Peut-être qu'ils ont voulu prendre leur revanche parce qu'ils n'ont jamais réussi à récupérer la maison ? Elle contempla un instant le gobelet de café fumant qu'elle tenait entre ses mains. — Je ne sais que penser. Il y a une heure encore je soupçonnais M. Sung. Et peut-être est-ce encore le cas. (Elle plongea la main dans son fourre-tout et en sortit un numéro soigneusement plié du San Francisco Chronicle de 1936.) A suivre